Le Journal de Montreal

Un mécène lui offre un Stradivari­us

Le rarissime instrument a été prêté au virtuose québécois Alexandre Da Costa pour une durée de 10 ans

- Vanessa Guimond VanessaGui­mond vanessa.guimond @quebecorme­dia.com

Le violoniste québécois de renommée internatio­nale Alexandre Da Costa a reçu un cadeau extraordin­aire de la part d’un ami : un Stradivari­us 1701. Ce prestigieu­x violon dont la valeur est estimée à plusieurs millions de dollars lui a été prêté pour une décennie, un privilège auquel peu d’artistes ont droit.

C’est le président et chef de la direction de l’entreprise familiale Meubles Canadel, Guy Deveault, un fabricant de meubles situé à Louisevill­e, en Mauricie, qui lui a offert ce cadeau d’envergure.

Grand mélomane, l’homme d’affaires s’est lié d’amitié avec le violoniste et est devenu son mécène.

« Mon ami m’a dit : “Si ça t’aide, pour toi, je vais en acheter un, et je vais te le prêter autant de temps que tu veux”, a raconté l’artiste, qui a eu la liberté de sélectionn­er lui-même son futur outil de travail. C’est fantastiqu­e ! »

Bien qu’il préfère ne pas dévoiler le montant déboursé pour l’instrument, Guy Deveault a comparé son achat à celui « d’une belle grosse maison à Outremont ou à Westmount ».

« Ça cimente notre amitié, mais pour moi, c’est aussi un investisse­ment », a précisé M. Deveault, un passionné de musique qui dit écouter (et regarder) une ou deux heures de concerts classiques par jour, via des sites spécialisé­s.

« Je n’ai rien contre ceux qui se procurent des toiles ou des grandes oeuvres comme des sculptures, par exemple, mais on ne peut pas les entendre, a-t-il ajouté. Un violon, c’est vivant. »

L’instrument est évidemment assuré. Mais le propriétai­re n’a aucune crainte de se le faire dérober. Les Stradivari­us sont tellement rares qu’il n’y a aucun marché pour la revente d’un tel instrument.

LA TRANQUILLI­TÉ D’ESPRIT

Au cours des 14 dernières années, Alexandre Da Costa a joué sur plusieurs Stradivari­us grâce à de multiples prêts d’instrument­s.

« Le gouverneme­nt du Canada m’en a prêté un pour trois ans. Ensuite, il y a eu la fondation d’une entreprise québécoise, mais je changeais de violon aux deux ou trois ans. C’est normal, mais je n’avais aucun contrôle là-dessus, a-t-il expliqué. L’instrument, c’est notre outil de travail. Quand il y a un changement, il y a aussi une période d’adaptation d’environ six mois. »

Ce cadeau de Guy Deveault est donc un gage de tranquilli­té d’esprit pour le musicien.

« Durant nos conversati­ons, je disais à mon ami que je jouais sur un violon (Stradivari­us) qui m’était prêté, mais que ce n’était pas un prêt ad vitam aeternam. J’avais tout le temps peur que mon prêt se termine », nous a expliqué le violoniste de 37 ans.

« Je lui disais que je souhaitais jouer un instrument, le même, durant une longue période de temps. Idéalement un beau violon italien, idéalement un Stradivari­us, mais je savais que c’était difficile. En plus, c’était impossible pour moi d’en acheter un, a-t-il souligné, précisant que ce type d’instrument peut valoir entre 5 et 20 M$, de nos jours. Je me comptais donc vraiment chanceux d’en avoir un entre les mains. »

STRADIVARI­US À L’OPÉRA

Si la pression avait augmenté, dernièreme­nt, c’est en raison de la création de Stradivari­us à l’opéra, spectacle qu’Alexandre Da Costa compte présenter aux quatre coins de la planète, au cours des années à venir.

« Qu’est-ce qui arrive, si un jour, je n’ai plus de Stradivari­us et que je suis encore en train de faire mon spectacle ? Ça me chicotait un peu, a expliqué l’artiste, qui joue sur ces prestigieu­x violons depuis 2003. En plus, il y a un statut qui accompagne le fait qu’un gouverneme­nt, une compagnie ou une personne ait choisi de te prêter un tel instrument. Qu’est-ce qui arrive si ce profil-là disparaît ? La réponse, c’est : je ne le sais pas. Et je ne suis pas sûr de vouloir tenter le diable. »

C’est pourquoi ce cadeau vaut tout l’or du monde à ses yeux. « C’est un instrument très puissant, parfait pour un soliste, mais qui ne perd jamais de sa beauté, même lorsque sollicité au maximum, dit-il. C’est certaineme­nt le meilleur instrument sur lequel j’ai joué à ce jour. »

Alexandre Da Costa est porte-parole du Festival des Hautes-Laurentide­s qui a lieu du 6 juillet au 6 août. On pourra le voir en spectacle le 2 décembre au Théâtre Outremont. Toutes les dates au alexandred­acosta.com.

« C’est certaineme­nt le meilleur instrument sur lequel j’ai joué à ce jour. » – Alexandre Da Costa

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PHOTO AGENCE QMI, JOËL LEMAY
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L’homme d’affaires Guy Deveault (à droite) a offert un Stradivari­us 1701 au violoniste québécois Alexandra Da Costa (à gauche). L’instrument vaut entre 5 et 20 M$.
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