Ils menacent de parler aux médias et obtiennent un lit
L’opération d’un garçon a finalement eu lieu après avoir été annulée plus tôt en journée
Un enfant de 12 ans dont l’intervention chirurgicale prévue depuis trois semaines a été annulée le matin même faute de lits disponibles, mercredi, a finalement été opéré après que la direction eut reçu des pressions.
« Pourquoi nous avoir inscrits à l’horaire s’ils savaient qu’ils n’avaient pas de place ? », dénonce Nathalie Richard, la mère de Mathis.
« Je trouve ça spécial que lorsqu’on parle d’appeler les médias, il apparaisse des lits », ajoute-t-elle.
Âgé de 12 ans, Mathis Beaudoin a des problèmes de respiration en raison d’une malformation au larynx. Depuis sa naissance, il est suivi à l’Hôpital de Montréal pour enfants, du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).
OPÉRATION PRÉVUE
Il y a trois semaines, une opération aux cordes vocales a été planifiée pour le 12 juillet, soit mercredi dernier. L’enfant devait aussi subir des examens avec un spécialiste la veille.
Devant cette situation, la famille qui demeure à Saint-Romain, en Estrie, avait organisé l’horaire pour ses trois autres enfants durant son absence.
Travailleurs autonomes, les parents de Mathis avaient aussi pris plusieurs jours de congé.
« Personne ne nous remplace. Il fallait prendre les bouchées doubles avant et après », raconte la mère, précisant qu’ils ont roulé 250 kilomètres pour se rendre à l’hôpital.
PAS DE LIT
Or, le matin de l’opération, pendant qu’elle patientait dans la salle d’attente, la famille a appris la mauvaise nouvelle.
« Un employé est venu nous dire qu’il n’y avait pas de lit, qu’ils ne pouvaient pas opérer », rage Mme Richard. On était vraiment déçus. Mon fils attend ça depuis longtemps. »
Finalement, des menaces d’appeler un média ont été faites sur l’administration de l’hôpital, confirme la mère, et un lit a été libéré dans les heures suivantes.
« Tout d’un coup, miraculeusement », ironise-t-elle.
« Deux spécialistes étaient mobilisés pour la chirurgie. Beaucoup de monde perdait son temps, à attendre après un lit », dit la femme. Ce n’est pas correct que la société paie pour ça. »
D’ailleurs, Mme Richard ne croit pas que la direction du CUSM ait été sensible au fait que la famille venait de très loin.
« L’administration a eu plus peur du journaliste là-dedans », croit-elle.
« QUEJE TROUVE LORSQU’ONÇA SPÉCIALPARLE D’APPELER LES MÉDIAS, IL APPARAISSE DES LITS. » – Nathalie Richard, mère de Mathis
Finalement, l’intervention chirurgicale du garçon s’est bien déroulée et il a eu son congé hier.
« J’étais soulagé qu’ils aient trouvé le moyen de m’opérer, avoue Mathis, qui était stressé par la chirurgie. Ça va être plus des vacances cet été. »
CHANGEMENT
De son côté, la direction du CUSM nie avoir trouvé un lit pour Mathis parce qu’elle avait subi de la pression. Puisque l’hôpital était très achalandé mercredi dernier, la « procédure de gestion des lits » a été mise en place et aucune opération n’a été annulée.
Hier, personne n’était disponible pour accorder une entrevue.
Bien qu’elle ne souhaite pas déposer de plainte contre l’hôpital, Mme Richard veut que la situation soit connue du public.
« On est super bien traités ici, on a besoin de ces gens-là, jure la mère. Mais ce n’est pas normal qu’il y ait des pertes de temps comme ça. »
« S’ils savaient qu’il n’y avait pas de place, ils auraient pu nous faire attendre jusqu’en novembre, ajoute-t-elle. Mais, une fois sur place, on veut être traités. »