Le Journal de Montreal

Condamnée pour avoir interdit à un juif de travailler le samedi

Un coiffeur de Montréal recevra 12 500 $ en compensati­on, dit le Tribunal

- MARIE-ÈVE DUMONT

La propriétai­re d’un salon de coiffure a été condamnée à verser 12 500 $ à l’un de ses coiffeurs pour lui avoir interdit de travailler les samedis puisqu’il est juif, a tranché le Tribunal des droits de la personne.

« Je suis content et soulagé puisque j’ai remporté le combat après cinq ans. Ce n’est pas une simple histoire de juif contre un autre juif, j’ai vécu de la discrimina­tion et je me suis tenu debout. C’était inacceptab­le de restreindr­e mes jours de travail », souligne Richard Zilberg.

M. Zilberg travaillai­t comme coiffeur six jours par semaine au Spa Orazen, devenu Spa Liv zen, à Montréal.

Au printemps 2012, la propriétai­re du salon, Iris Gressy, lui a proposé de cesser de travailler le samedi, pour respecter le jour du sabbat (jour de repos) dans la religion juive.

Bien que M. Zilberg soutienne aimer sa religion et en être très fier, il préférait travailler les samedis, le jour le plus occupé de la semaine.

C’est finalement en juillet de la même année, que sa patronne, qui est elle aussi de confession juive, l’a informé qu’en raison de sa nouvelle politique, tous les employés juifs ne pouvaient plus travailler les samedis.

Les employés non juifs continuaie­nt tout de même à s’occuper des clients ce jour-là. Mme Gressy avait aussi formelleme­nt défendu à M. Zilberg de dire à ses clients quelles étaient les vraies raisons de son absence.

« La décision d’interdire à M. Zilberg de travailler le jour du sabbat parce qu’il est juif viole son droit à l’égalité à l’emploi en raison de sa religion », a écrit le juge Yvan Nolet du Tribunal des droits de la personne dans sa décision rendue le 27 juin dernier.

« À LA RUE »

Un mois plus tard, M. Zilberg a finalement été congédié par Mme Gressy. Elle avait appris qu’il aurait informé un client qu’il n’avait pas le droit de travailler le samedi parce qu’il était juif. Elle lui aurait ordonné de partir sur-le-champ, l’empêchant de partir avec son matériel et les coordonnée­s de ses clients réguliers.

« Elle m’a pris mon gagne-pain, elle m’a mis à la rue parce que je n’étais pas le genre de juif qu’elle aurait voulu que je sois », laisse tomber le coiffeur.

M. Zilberg a pu récupérer ses instrument­s de coiffure, mais jamais sa clientèle, qu’il tente de rebâtir à son nouvel emploi dans un salon au Carré Décarie à Montréal.

DISCRIMINA­TION

La Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse qui représenta­it M. Zilberg dans ce dossier s’est réjouie de la décision.

« Ce jugement rappelle qu’un employeur ne peut imposer des conditions de travail différente­s à un employé en se fondant sur sa religion, un des motifs de discrimina­tion interdits par la Charte des droits et libertés de la personne », a déclaré la présidente de la Commission, Me Tamara Thermitus.

Le Journal a été incapable de joindre Mme Gressy hier, ni à sa résidence ni à son salon qui est maintenant fermé. Par ailleurs, celle-ci n’est pas venue se défendre et n’avait pas non plus d’avocat pour la représente­r lors des audiences, lit-on dans le jugement.

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PHOTO MARIE-ÈVE DUMONT Richard Zilberg affirme qu’il doit se bâtir petit à petit une nouvelle clientèle dans un autre salon de coiffure à Montréal.

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