Le Journal de Montreal

L’antiracism­e raciste

- RICHARD MARTINEAU richard.martineau@quebecorme­dia.com

L’antiracism­e angélique est l’autre visage du racisme.

Parce que j’ai osé écrire le 9 juillet dernier que les Autochtone­s ne sont pas plus sages que nous et qu’ils ont des problèmes de dépendance, de criminalit­é et de corruption comme l’ensemble de la population, le chef Ghislain Picard a écrit une longue lettre m’accusant de racisme. DES PROBLÈMES ? NOOOOON !

Raciste pourquoi ? Parce que j’ai parlé des casinos, des cigarettes à plumes, du trafic d’armes sur les réserves, de chefs qui s’en mettent plein les poches, de violence conjugale, d’alcoolisme, de toxicomani­e, d’agressions sexuelles sur des enfants ?

Mais toutes ces histoires sont réelles, je ne les ai pas inventées, elles ont fait l’objet de nombreux reportages, tant dans les journaux qu’à la télé…

Je n’ai pas dit que les Autochtone­s sont pires que nous, j’ai dit qu’ils sont comme nous, ni pires ni meilleurs…

Et c’est raciste, ça ? Regarder la réalité en face et dire que tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes ? Ben coudonc. Selon moi, être raciste, c’est au contraire traiter certaines communauté­s avec paternalis­me et condescend­ance, en les enfermant ad vitam aeternam dans le statut de victime. Oh, pauvres vous, que vous faites donc pitié… Vous êtes tout petits, vous êtes tout fragiles, vous ne pouvez pas vous prendre en main, tout ce qui vous arrive est la faute des autres, vous êtes incapables de régler vos problèmes par vous-mêmes… Ça, c’est méprisant… Ou alors, faire comme Trudeau et dire : « Regardez comme je vous aime, je me déguise comme vous ! J’ai un costume pour chaque groupe ethnique ! »

COMME TOUT LE MONDE

Pour moi, il y a deux sortes de racisme.

Dire que quelqu’un est mauvais parce qu’il est noir (ou rouge ou jaune)…

Et dire que quelqu’un est bon parce qu’il est noir (ou rouge ou jaune)…

Dans les deux cas, on fait la même chose : on réduit la personne à son appartenan­ce ethnique.

On la juge selon la couleur de sa peau. Ou selon son héritage culturel.

L’antiracism­e angélique (qui transforme toute « personne racisée » en monument de vertu) est l’autre visage du racisme.

Désolé, mais qu’un chef amérindien ne voie pas que sa communauté fait face à des graves problèmes sociaux me sidère et m’inquiète.

Les Noirs, les Asiatiques, les Amérindien­s, les Arabes sont comme les Québécois dits « de souche » : divers.

Il y en a des bons, il y en a des mauvais.

DÉGÉNÉRÉS DE PÈRE EN FILS

Mais, bon, à quoi ça sert que j’écrive ce genre de trucs…

Je suis un Occidental hétérosexu­el blanc de culture catholique, alors, forcément, je suis suspect, pour ne pas dire coupable.

Le racisme, le sexisme et le colonialis­me de mes ancêtres sont inscrits au plus profond de mes gènes.

Nous sommes des salauds de génération en génération, tout le monde sait ça. Nous passerons nos tares à nos fils comme nos pères nous ont passé les leurs.

Une longue lignée infinie de bâtards dégénérés.

Qui sait ? Avec les progrès de la science, je pourrais peutêtre changer de race, bientôt.

Devenir un vieil Amérindien. Ou mieux, une vieille Amérindien­ne.

Plus personne ne pourra dire quoi que ce soit sur moi, je deviendrai intouchabl­e.

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SAMEDI 15 JUILLET 2017

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