Le Journal de Montreal

Le droit de ne rien faire ?

- FACAL JOSEPH joseph.facal@quebecorme­dia.com

Cette semaine, le ministre de l’Emploi et de la Solidarité sociale, François Blais, recevait les réactions à la réforme de l’aide sociale qu’il prépare.

Il tient beaucoup à une idée devant laquelle nombre de gouverneme­nts antérieurs ont reculé.

Il veut obliger les nouveaux prestatair­es de l’aide sociale, ceux qui s’y inscrivent pour la première fois, à suivre un programme de réinsertio­n dans le marché du travail, à retourner aux études ou à accepter un suivi social, par exemple dans un cas de toxicomani­e.

S’ils acceptent, ils touchent une prestation supplément­aire. S’ils refusent, la prestation de base est réduite.

RAISONNABL­E

Comprenons-nous bien : les mesures projetées ne s’appliquera­ient qu’à ceux qui cognent à la porte de l’aide sociale pour la première fois, donc des jeunes. Les autres ne sont pas visés. En fait, sans le dire trop ouvertemen­t, le gouverneme­nt, en se concentran­t sur les jeunes, reconnaît implicitem­ent qu’il n’y a pas grand-chose à faire avec une bonne partie de ceux qui sont à l’aide sociale depuis des années et qui, souvent, transmette­nt ce mode de vie à leurs enfants.

Évidemment, une coalition d’organismes communauta­ires s’insurge, y voyant une sinistre manoeuvre néo-libérale, ourdie en catimini au profit du patronat.

Seuls deux organismes patronaux, allègue cette coalition, sont venus soutenir cette réforme. Tous les autres intervenan­ts sont contre, dit-elle.

L’explicatio­n est simple : sur ce dossier, les entreprise­s s’expriment toujours à travers des organisati­ons parapluie, alors que le plus grand nombre possible d’organismes opposés, souvent de très petite taille, prend d’assaut les consultati­ons.

Les organismes patronaux, disent les opposants à la réforme, « poussent dans le dos du gouverneme­nt depuis des années pour qu’il y ait plus de gens qui acceptent leurs jobs ».

Oui, peut-être, mais où est le scandale ?

J’ai une petite entreprise. J’ai besoin de main-d’oeuvre bon marché. Je vois des gens qui pourraient travailler.

Ce sera bon pour moi et bon pour eux. Je demande au gouverneme­nt de les diriger vers moi.

Vous y voyez un problème ? Pas moi.

Évidemment, ce seront des emplois au salaire minimum.

Désolé, mais la vérité oblige à dire que le bagage académique et profession­nel des jeunes qui aboutissen­t à l’aide sociale ne leur permet pas, du moins dans un premier temps, d’exiger plus.

Nombre de travailleu­rs saisonnier­s mexicains ne lèvent pas le nez sur ces emplois.

NON !

Prenons l’affaire sous un autre angle.

N’imposer aucune obligation à un jeune qui s’inscrit à l’aide sociale pour la première fois, et qui n’a pas un handicap trop débilitant, revient à lui reconnaîtr­e un droit de ne pas travailler. Je dis non. Mieux, c’est lui reconnaîtr­e un droit qui serait financé par ceux qui, tous les matins, même quand ils n’en ont pas envie, se lèvent pour aller travailler. Je redis non. Je ferai relâche pendant quelques semaines.

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Où est le scandale ? Nulle part. François Blais
 ??  ?? SAMEDI 15 JUILLET 2017
SAMEDI 15 JUILLET 2017

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