Le Journal de Montreal

Trump en France

- DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecorme­dia.com

Donald Trump, dans un de ses sempiterne­ls tweets, a décrit la très, très grande excitation qu’il éprouvait à l’idée de se retrouver à Paris sur les Champs-Élysées aux côtés du président Emmanuel Macron, son hôte pour le 14 juillet.

Sa très, très grande excitation, il aurait pu l’éprouver aussi en mangeant dans le restaurant étoilé du chef Alain Ducasse au deuxième étage de la tour Eiffel. Le menu (homard, caviar et nobles crus français) n’est cependant pas sa tasse de thé. D’abord, depuis la mort en 1981 de son frère alcoolique, il ne boit plus.

Est-ce impertinen­t d’affirmer que pour cet homme sans culture, Châteaubri­and est un steak et Hugo, le prénom du créateur de vêtements de luxe ? Quant aux délices de la tradition gastronomi­que française, Donald Trump leur préfère des Porterhous­e-steaks ou du Kentucky Fried Chicken, dont il raffole. Et comme l’écrit Jean-Victor Roux dans

Le Figaro, auteur d’un ouvrage sur l’importance des repas diplomatiq­ues dans l’histoire, Trump mange comme il twitte.

APPÂTER TRUMP

Le président français, en l’invitant à la tribune présidenti­elle sur la plus belle avenue du monde, révèle son caractère. Ce jeune politicien instruit, cultivé, formé par les institutio­ns qui créent l’élite française, sait à qui il a affaire. Il a su appâter Donald Trump avec habileté.

En effet, on connaît l’admiration que cet ancien étudiant de l’académie militaire de New York voue aux hommes en uniforme qui obéissent aux ordres et savent marcher au pas. D’ailleurs, il s’entoure de militaires qu’il flatte et privilégie.

Avec le défilé sur les Champs-Élysées, il aura été servi. Tous les corps d’armée de terre, de mer et de ciel y sont représenté­s. Et les plus populaires sont toujours les troupes barbues spectacula­ires de la Légion étrangère dont l’équivalent n’existe pas aux États-Unis.

Le président Macron, qui adore les arts et lettres donc les concerts, l’opéra et le théâtre, influencé en cela par sa femme, n’aurait jamais pu faire déplacer une seconde fois le président Trump en France sans ce défilé impression­nant de la Fête nationale.

COUP FUMANT

Depuis les attentats de Nice d’il y a un an, la fréquentat­ion touristiqu­e des Américains en France a chuté et là où Macron a déjà gagné, c’est que Trump visite la France et s’y plaît. C’est un coup fumant de communicat­ion de la part du nouveau président. Il faut se rappeler qu’en février dernier, Donald Trump avait mis en garde les Américains en citant son ami, un dénommé Jim, grand amoureux de Paris, qui refusait de mettre désormais les pieds dans la capitale française, « truffée de terroriste­s ».

Le président Macron, on l’espère, ne va pas baisser la garde devant ce personnage aussi imprévisib­le qu’intempesti­f. Les liens amicaux entre chefs d’État facilitent sans doute les relations, mais qu’ont en commun un chef d’État adepte de philosophi­e et de littératur­e et un « showman » milliardai­re tape-à-l’oeil qui carbure à la fourberie et la vulgarité ? En rencontran­t Brigitte Macron, il lui a dit « You’re in such good shape ». Que faut-il ajouter ?

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Le président français, en l’invitant à la tribune présidenti­elle sur la plus belle avenue du monde, révèle son caractère.
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