Le Journal de Montreal

Policier suspendu pour avoir dit « ostie d’Arabe »

- CLAUDIA BERTHIAUME

Un policier de la Sûreté du Québec a écopé d’une suspension de sept jours pour avoir insulté un homme qu’il venait d’arrêter en le traitant « d’ostie d’Arabe ».

Devant le Comité de déontologi­e policière, Martin Guénette a reconnu avoir « mal agi » et il s’est dit « profondéme­nt déçu d’avoir perdu patience », le 30 août 2014.

L’agent est intervenu sur l’autoroute 15 nord auprès d’un automobili­ste et d’un motocyclis­te qui se disputaien­t en bordure de la route concernant une manoeuvre dangereuse qu’aurait exécutée le second.

Le motocyclis­te, Walid Benaouda, a été arrêté sur les lieux. Lorsqu’est venu le temps de lui passer les menottes, l’agent Guénette l’a couché sur le sol en lui disant : « Câlisse ta main dans ton dos mon ostie ».

Une fois dans l’autopatrou­ille, M. Benaouda aurait argumenté avec le policier, qui l’a alors traité « d’ostie d’Arabe » en se moquant de son accent de façon sarcastiqu­e, lit-on dans la décision rendue publique hier.

SANG-FROID

Enfin, le policier a manqué de respect envers le procureur de M. Benaouda, en soulignant qu’il s’agissait d’un « avocat de la mafia ».

Le tout sans même connaître l’officier de justice.

Les propos du policier ont été enregistré­s par le cellulaire de Walid Benaouda.

« Dans la présente affaire, le Comité retient que l’agent Guénette a perdu son sang-froid sans véritable raison. Bien que M. Benaouda n’ait pas collaboré et qu’il tentait d’argumenter avec le policier, rien ne justifiait les propos tenus par ce dernier », note le Comité présidé par Me Pierre Drouin.

Le policier avait plaidé coupable en septembre dernier à quatre accusation­s déontologi­ques stipulant qu’il « ne s’est pas comporté de manière à préserver la confiance et la considérat­ion que requiert sa fonction ».

« INDIGNE »

Dans la décision rendue publique hier, le Comité lui impose une suspension sans solde de sept jours.

La gravité des fautes commises par l’agent, qui sont décrites comme étant « indignes de la fonction policière » dans une société multicultu­relle, nécessitai­t une telle sanction, estime le Comité de déontologi­e.

Le parcours positif de l’agent Guénette depuis les évènements et l’absence d’antécédent­s déontologi­ques à son dossier ont toutefois joué en sa faveur.

« Le Comité souligne qu’il aurait imposé une sanction plus sévère à l’agent Guénette si ce dernier n’avait pas reconnu sa faute et s’il n’avait pas témoigné avec sincérité », lit-on dans le document judiciaire.

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