Aussi nocive que l’obésité et le tabac
Démence, AVC et malnutrition guettent les aînés qui vivent seuls. Pourtant, malgré ces dangers bien réels, la solitude est trop souvent banalisée, dénoncent des experts.
Aussi nocive que l’obésité ou que de fumer 15 cigarettes par jour, selon des études américaines, la solitude ne fait cependant pas l’objet d’autant de sensibilisation et de prévention dans la province, déplorent les experts.
« Il y a beaucoup d’attitudes et de croyances là-dessus. Le commun des mortels et même les gens du réseau [de la santé] peuvent croire que c’est normal, en vieillissant, d’être isolé socialement, mais ce ne l’est pas et il faut lutter contre ça », soutient le Dr André Tourigny, de l’Institut sur le vieillissement et la participation sociale des aînés (IVPSA).
Non seulement le taux de mortalité est plus élevé chez les aînés qui sont seuls, mais il s’agit aussi d’un facteur de risque pour la maltraitance, les laissant vulnérables aux abus ou à la fraude.
Le gériatre David Lussier croit lui aussi que « beaucoup plus pourrait être fait pour sortir les aînés isolés de chez eux ».
PERTE D’AUTONOMIE
« Ce qu’on veut éviter le plus chez les personnes qui vieillissent, c’est la perte d’autonomie, et l’isolement est un facteur de risque, car moins on est stimulé, plus il y a de chances d’avoir des pertes de mémoire », poursuit le médecin.
Il y voit aussi un risque de malnutrition.« Si on est isolé, souvent on va moins bien manger, parce que c’est moins stimulant de manger seul », souligne-t-il.
Le médecin ajoute que la pauvreté peut aussi empêcher un aîné de se déplacer ou de participer à des activités. Il faut aussi un transport efficace et abordable.
Mais avant tout, il faut combattre l’âgisme, croit André Tourigny, qui dit que la société n’a pas une bonne image du vieillissement. Un aîné doit sentir qu’il peut participer à la vie sociale et communautaire, soutient l’expert.