Le Journal de Montreal

LES POPOTES ROULANTES SONT AUX AGUETS

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Quand Pierre Renaud livre les repas de la popote roulante de Laval, il est souvent la seule visite que va recevoir un aîné de toute sa journée.

« Une petite madame chétive m’a déjà demandé de lui rendre service. Elle m’a tendu une bouteille de gouttes pour les yeux qu’elle était incapable d’ouvrir, puis m’a dit “vous faites ma journée” », se souvient avec émotion le policier à la retraite de 69 ans.

Il livre tous les mardis à bord de son Hyundai Santa Fe, les repas du Service bénévole d’entraide Vimont-Auteuil (SBEVA). Avec ses quelque 150 dîners préparés chaque jour, il s’agit de l’une des plus grandes popotes roulantes de la province.

Pour la directrice du SBEVA, Roselyne Forget, les livreurs de repas comme Pierre Renaud deviennent alors « les yeux de la famille et des services de santé ».

Ainsi, chaque carton de livraison contient un numéro à appeler au cas d’urgence, si un aîné ne répond pas à la porte ou semble plus confus qu’à l’habitude.

AUCUN PROCHE

« C’est arrivé qu’une personne frappe à la porte et n’entende pas de réponse. Elle est entrée et elle a trouvé l’aînée par terre inconscien­te », raconte-t-elle. Après avoir appelé le 911, ce sont les proches qui sont contactés.

« Mais ça arrive qu’il n’y ait aucun proche au dossier, alors on appelle le CISSS », explique Mme Forget.

Cette dernière remarque de plus en plus d’aînés seuls, qui se sentent isolés, même s’ils habitent de vastes tours d’habitation.

C’est pourquoi Pierre Renaud prend au moins un cinq minutes avec chaque personne à qui il livre un repas, une soupe et un dessert.

SOLITUDE

Âgée de 83 ans, Viviane Dubé est l’une de ses résidentes d’un centre pour aînés de Laval qui reçoit un repas cinq jours par semaine.

Veuve depuis 30 ans, elle assure que la lecture et la télévision l’empêchent de s’ennuyer, tout comme ses deux soeurs qu’elle côtoie encore souvent.

« Quand je veux voir du monde, je descends en bas », souligne-t-elle.

Par contre, elle ressent une certaine solitude à cause de sa santé. « Je manque de capacités », admet-elle, ne se sentant pas la force de participer aux activités de groupe.

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PHOTO HUGO DUCHAINE Viviane Dubé se fait livrer un repas de la popote roulante cinq jours par semaine.

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