PRÊTS À PAYER 90 $/H POUR UN CÂLIN
Des aînés se sentent si seuls qu’ils sont prêts à payer jusqu’à 90 $ et à faire plus de 100 kilomètres de route seulement pour recevoir un câlin.
« C’est quelque chose de naturel dont tout le monde a besoin, mais dans notre société nous avons tous notre bulle et c’est tabou de toucher une autre personne. Il y a un manque d’affection », observe le fondateur de l’entreprise CuddleMe, Hasnain Bashir.
Inhalothérapeute au Centre universitaire de santé McGill, c’est la solitude des patients qu’il voyait quotidiennement qui lui a donné l’idée de fonder son entreprise, en décembre 2014.
VERMONT
L’an dernier, l’homme de 30 ans et les quatre « câlineuses » qui travaillent avec lui ont reçu 150 clients, dont la moitié sont des aînés.
« Dernièrement, nous avons eu une cliente de 75 ans du Vermont, aux ÉtatsUnis », explique M. Bashir. L’aînée isolée a fait la route et déboursé 90 $ pour s’étendre une heure sur un sofa à côté de lui dans un petit appartement de Rosemont qu’il loue pour ces rencontres.
Les règles sont claires, assure M. Bashir : toute avance sexuelle est interdite. Les câlins se font seulement habillés, et une bonne hygiène corporelle est non négociable.
Parfois, les clients ont juste envie de parler à quelqu’un sans se sentir jugés, ajoute-t-il.
C’est le cas de Cindy Kennedy, une retraitée de 59 ans et veuve depuis neuf ans, qui trouve parfois « l’hiver long ».
« Ça fait du bien de parler à quelqu’un qui est là pour t’écouter, que tu n’as pas à impressionner », ditelle, allongée sur un sofa, la tête posée sur les genoux d’Hasnain Bashir, qui lui caresse les cheveux.
C’est sa fille qui lui a d’abord offert un certificat-cadeau de CuddleMe, sachant que la quinquagénaire s’ennuyait par moments dans sa vaste tour de logements de l’ouest de l’île.
Maintenant, Mme Kennedy s’offre des câlins « de temps en temps ».
Si la clientèle de CuddleMe était à l’origine surtout constituée d’aînés, Hasnain Bashir voit maintenant de plus en plus de personnes âgées de 25 à 45 ans, surtout des hommes.
« Les gens sont seuls, dit-il, même s’ils ont Facebook ou un cellulaire, les gens ne se parlent plus. »