Le Journal de Montreal

La vérité sur les secrets

Il y a les histoires et les pensées qu’on raconte et il y a celles qu’on tait. Il y a les pensées qu’on tait parce que ça nous semble naturel et il y a les secrets. Qu’est-ce qu’un secret ? C’est une intention de dissimuler une informatio­n à une ou à plus

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Ça commence assez tôt. Tout petit, on apprend à taire certaines actions. Une étude faite auprès d’enfants de 3 et de 5 ans a permis de constater que ceux de 3 ans n’ont pas encore tendance à cacher leurs gestes, alors que ceux de 5 ans (s’ils ont reçu une consigne interdisan­t de faire telle ou telle action) posent le geste interdit et disent ensuite ne pas l’avoir fait. Ils agissent en secret.

Les bons secrets. Certains secrets sont un plaisir. Quand on prépare une fête ou une surprise pour quelqu’un, on n’a pas envie qu’il le sache avant le bon moment : on ferme sa boîte ! Quand on a un projet en tête, on gagne parfois à le garder pour soi, le temps de le mettre en route. De même, on n’a pas à expliquer toutes les émotions qu’on ressent. Bref, il existe de doux secrets, ce sont ceux qui nous font du bien, ceux avec lesquels on est à l’aise de vivre.

La pensée vagabonde. Nos pensées et nos rêveries errantes comptent pour un tiers à la moitié de notre temps éveillé. Pensez-y, une bonne partie de la journée, notre esprit vagabonde en s’attardant surtout aux problèmes : nos buts manqués ou pas encore atteints, nos souhaits, nos problèmes irrésolus. Cette forme de pensée a de bons et de mauvais côtés : d’une part, elle nous aide à trouver des solutions et stimule notre imaginatio­n, d’autre part, elle nous entraîne à ruminer, à stagner.

Un lourd secret. Les secrets trop lourds s’infiltrent dans notre pensée vagabonde quotidienn­e : ils la squattent. Pour savoir si on porte un lourd secret, on peut se poser ces simples questions : est-ce que cette pensée m’occupe trop ? Est-ce qu’elle me prive d’une part d’énergie ? Si on répond oui, il vaudrait mieux en parler et s’en libérer.

Quels secrets ? Parmi les lourds secrets, on trouve les dépendance­s, les abus de toutes sortes, les maladies. Le problème est que lorsqu’on garde pour soi quelque chose qui est souffrant, cela peut nuire à la santé tant psychique que physique : une recherche publiée en 1996 rapportait que des hommes séropositi­fs qui taisaient leur condition sont décédés plus jeunes que ceux d’un autre groupe qui avaient librement raconté ce qu’ils vivaient.

À qui parler ? confierà une personneà des prochesOn spécialisé­epeut ou se en écoute, à un psychologu­e, par exemple. Dans le cas d’un secret qui pèse, il vaut peut-être mieux consulter que de se fier à son frère ou à sa soeur qui se retrouvera­it gardien ou gardienne d’une souffrance et ne saurait pas comment réagir. On sort des trucs simples. Il faut prendre le temps d’y penser.

À qui parler ? (bis) Ce qu’on sait, c’est que dès qu’on demande à quelqu’un de garder un secret même anodin, on note chez cette personne une sudation plus abondante. Qu’il s’agisse d’une simple cachotteri­e ou d’un secret véritable, il est donc préférable d’épargner les gens (nos proches) et de ne pas leur demander de garder un secret si, soi-même, on ne veut plus ou on ne peut plus se taire.

Le silence. Il existe des situations où se taire est avantageux. On dit que le silence est d’or, c’est parfois vrai. Bref, l’univers des secrets est infini : il y a les doux, les lourds, les noirs, les roses, ceux qui pèsent sur notre vie et ceux qui nous donnent des ailes. En observant la différence entre ce qu’on choisit de taire, parce qu’après y avoir pensé, on voit que c’est préférable, et ce qu’on devrait exprimer parce qu’on n’a pas à porter le poids du monde et à souffrir inutilemen­t, on avancera sur un chemin plus clair, plus libre, plus ouvert.

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