Le Journal de Montreal

Relève de la garde à la tête du monde

- RICHARD richard.latendress­e@quebecorme­dia.com LATENDRESS­E

Captivant de voir côte à côte vendredi, à Paris, Emmanuel Macron et Donald Trump, supervisan­t la toujours très impression­nante parade du 14 juillet sur les Champs-Élysées ! La France souhaitait saluer cette année le centenaire de l’engagement militaire américain dans la Première Guerre mondiale.

L’hommage grandiose avait de quoi flatter Trump, qui a parfaiteme­nt joué le jeu du commandant-en-chef, fier de ses GI 100 ans plus tard. C’est toutefois Macron qui est sorti grandi du court séjour du président américain dans la capitale française.

En déployant les fastes de la République, en offrant à son invité un repas au deuxième étage du symbole planétaire de la grandeur française, la tour Eiffel, et en présentant au monde le visage jeune et serein d’un président moderne, Macron a accrédité la thèse qu’il mérite tout autant que son visiteur, voire davantage, le statut de leader du monde libre.

À QUI LE TOUR ?

Trump se tenait droit, vendredi, aux côtés de ce même Macron qui, six semaines plus tôt, avait dénoncé « l’erreur américaine » de se retirer de l’Accord de Paris sur le climat et qui avait, du même élan, fait savoir « à tous les scientifiq­ues, ingénieurs, entreprene­urs, citoyens engagés que la décision du président des États-Unis a déçus » qu’ils allaient trouver dans la France « une seconde patrie ».

Ce même Macron qui, recevant Vladimir Poutine à Versailles à la fin mai, lui avait servi, toujours avec aussi peu de scrupules, une leçon de respect des droits de la personne (au sujet de la violence contre les gays en Tchétchéni­e), de la liberté d’expression (en éreintant Russia Today et Sputnik, « des agences de propagande »), et de la politique internatio­nale (en se disant prêt à utiliser la force militaire si le régime d’Assad, l’allié de la Russie, employait à nouveau des armes chimiques).

Avec Donald Trump et son « America First », plusieurs se prennent à chercher un nouveau leader pour le monde libre. Macron, fraîchemen­t élu, s’impose lentement, mais clairement. Angela Merkel, l’Allemande, stoïque et rationnell­e, inspire beaucoup d’admiration.

Xi Jinping, le Chinois, a amplifié son influence depuis qu’il s’est présenté en janvier à Davos comme le nouvel héros de la mondialisa­tion et de l’ouverture des marchés. Jusqu’à Justin Trudeau qui continue d’apparaître comme l’ultime espoir du centre gauche progressis­te mondial.

NI DÉSIR NI CAPACITÉ DE MENER LE MONDE

Chez les critiques du président américain, on continue à se relayer le reportage ravageur du correspond­ant politique de l’Australian Broadcasti­ng Corporatio­n à la fin du dernier sommet du G20 à Hambourg. C’est un Donald Trump « mal à l’aise, seul et maladroit » que Chris Uhlmann dit avoir observé au cours de la rencontre.

Le journalist­e de 57 ans constate que « Donald Trump a accéléré le déclin des États-Unis comme leader mondial. (…) Il a réussi à isoler son pays, à déconcerte­r et à aliéner ses alliés, et à diminuer l’Amérique. » La question est de savoir si les failles de l’homme vont suffire à entraîner le pays au complet vers la déchéance.

Au mieux, les partisans du président sont en paix avec ce qu’ils voient. Au pire, ils s’en foutent. Les sondages hebdomadai­res que réalise Gallup montrent que son soutien chez les républicai­ns se maintient autour de 85 % depuis son investitur­e. Le reste du monde peut bien s’interroger sur le leader à suivre, ses partisans se sont fait une tête et rien, apparemmen­t, ne les fera changer d’idée.

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Le président américain Donald Trump et son homologue français Emmanuel Macron.
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