Le Journal de Montreal

Quête spirituell­e sur la Témiscamie

- MARIE-FRANCE BORNAIS

L’écrivain, médecin et voyageur Jean Désy et l’artiste, réalisatri­ce et poète, Isabelle Duval partagent le récit de leur expédition vers l’Antre de marbre de la Témiscamie, un lieu chamanique du Nord du Québec, dans La route sacrée, un ouvrage très intéressan­t, chevauchan­t l’aventure, la poésie et la quête spirituell­e.

Les pèlerins aventurier­s se sont lancés pendant l’été 2014 sur les traces du père Laure, un jésuite qui aurait dit la messe en 1730 à cet endroit reculé, connu et visité par les Innus et les Cris. Chemin faisant, ils partagent leur quête, mais aussi leurs réflexions par rapport à la religion et la vie.

Jean Désy, médecin et écrivain de la nordicité, connaît très bien ces territoire­s québécois qui se trouvent loin des sentiers battus. « C’est un lieu chamanique, l’Antre de marbre, qui a beaucoup de valeur symbolique, et qui existe depuis des milliers d’années et qui est connu par le monde autochtone depuis longtemps, bien avant l’arrivée des Européens », explique-t-il en précisant qu’il a visité cet endroit pour la première fois il y a plusieurs années, grâce à un grand ami médecin qui exerce chez les Cris, Gérald Dion.

Les trois amis ont refait le trajet du père Laure, un remarquabl­e missionnai­re qui a écrit beaucoup sur le monde autochtone, poursuit Jean Désy. « Il parlait innu et il a fait une grammaire innu-français. Quand on le lit, on découvre un personnage fascinant. »

« SPIRITUALI­TÉ »

« L’idée de La Route sacrée était de faire l’expédition, mais aussi de parler du sacré, de la spirituali­té et du religieux, mais tout ça sur un fond de métisserie autochtone sud-nord. On savait bien qu’on se rendait au nord de Mistissini, dans une région peu développée. On voulait reprendre contact avec les écrits d’un missionnai­re. Pendant des centaines d’années, il y a eu beaucoup de collusion extraordin­airement positive entre les Autochtone­s, les Européens coureurs des bois et les missionnai­res. »

« Parce que je connais le monde autochtone depuis 40 ans, parce que les Autochtone­s sont très religieux eux-mêmes, ce qu’on voulait, c’est dire à quel point le pays s’est fondé sur beaucoup de qualités d’âme. »

Jean Désy avait aussi un point de vue pédagogiqu­e à partager. « Il y a des gens qui, dès qu’ils entendent le mot foi, ils hurlent. Je trouve que c’est disgracieu­x et qu’il y a quelque chose de maladif sociologiq­uement, pour qu’on ne soit pas capable de prendre contact avec des termes aussi simples que “prière”, tiens. [...] Il y a une gamme de mots qu’on n’ose plus utiliser. Ça fait partie d’une pathologie contempora­ine québécoise. »

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La route sacrée Jean Désy et Isabelle Duval Éditions XYZ 400 pages

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