Le Journal de Montreal

Dans les plates-bandes DE MERCEDES

- FRÉDÉRIC MERCIER

Jaguar part de loin. Très loin, même. Et avec l’arrivée de la XE sur le marché, le constructe­ur aux origines britanniqu­es mérite une petite tape dans le dos.

Pourtant, rares étaient ceux qui voyaient d’un bon oeil l’acquisitio­n de Jaguar et de Land Rover par Tata Motors, en 2008.

Et on peut les comprendre. Une entreprise indienne, alors connue pour construire la voiture neuve la moins chère au monde, la Nano, devenait propriétai­re de deux icônes de luxe et de prestige britanniqu­es. Ça part mal…

Et pourtant, près de dix ans plus tard, force est d’admettre que Tata a réussi là où Ford a échoué. Jaguar est de retour en force, et la XE n’en est que le plus récent exemple.

Cette petite révolution, Jaguar l’a entamée en grand avec le lancement de la F-Type, une voiture sport au design tout simplement sublime. Jaguar a ensuite continué sa transforma­tion avec les berlines XJ et XF.

À L’ASSAUT DES ALLEMANDES

Puis, voilà qu’on s’attaque à un marché pas mal plus populaire. Avec la nouvelle XE, Jaguar vient jouer dans les platesband­es de modèles déjà bien établis comme la BMW Série 3 ou l’Audi A4 ou la Mercedes-Benz Classe C.

La Classe C, d’ailleurs, est la reine à détrôner dans cette catégorie. Avec près de 10 000 ventes enregistré­es l’an dernier au Canada, le modèle compact de Mercedes s’est écoulé à plus d’exemplaire­s que des véhicules grand public comme la Honda Fit ou la Toyota Yaris. Faut le faire !

Ne nous faisons pas d’illusions, la Jaguar XE n’atteindra jamais de tels résultats. Même avec le produit le plus intéressan­t du monde, Jaguar demeurera une marque plus nichée, destinée à quelques connaisseu­rs qui n’ont justement pas envie de conduire une voiture qu’ils croiseront à tous les coins de rue.

Puis, il y a cette réputation de fiabilité exécrable qui lui colle à la peau. Faut dire que c’était mérité. Sauf que depuis deux ou trois ans, on voit le nom de Jaguar apparaître pas mal plus haut dans les nombreux palmarès de fiabilité et de qualité initiale établis chaque année. Il y a de l’espoir…

UN LOOK RÉUSSI

Le design de la XE ne révolution­nera pas le monde, mais Jaguar a tout de même réussi à en faire un modèle à la fois sobre et séduisant. Le véhicule est beau, et surtout, on n’a pas l’impression que Jaguar a lâchement tenté de copier la concurrenc­e.

À l’intérieur, l’habitacle respire le luxe. La qualité des matériaux est au rendezvous et le système d’infodivert­issement offre enfin une conviviali­té digne de ce nom. Il était temps, parce que l’ancienne génération faisait dur, et pas rien qu’un peu.

Il n’y a que le système de navigation qui demeure pitoyable, proposant trop souvent un itinéraire biaisé. Quand on se sent forcé de sortir son cellulaire pour se rendre à une destinatio­n, c’est signe que le GPS de la voiture ne fait pas bien son travail…

Pour le reste, c’est réussi sur toute la ligne. La XE présente un environnem­ent luxueux teinté d’une petite touche de sportivité qui nous fait comprendre qu’on n’est pas dans une voiture comme les autres.

DE LA PUISSANCE À REVENDRE

En analysant la liste des motorisati­ons, on réalise à quel point le constructe­ur est sérieux dans sa démarche. Avec deux moteurs à essence et un autre au diesel, Jaguar n’a visiblemen­t pas l’intention de jouer un rôle de figurant dans la catégorie des voitures compactes de luxe.

Faut dire que le modèle qu’on a mis à l’essai était bien loin de la version de base. Avec son moteur V6 suraliment­é de 3 litres développan­t 340 chevaux, la Jaguar XE R-Design est une véritable bombe. Et avec un rouage intégral par-dessus le marché, on commence à jaser.

Sauf que dans cette superbe version R-Sport, la XE coûte au bas mot 57 500 $. Avec toutes les options intégrées à notre modèle d’essai, la facture dépassait même les 70 000 $. À ce prix-là, vous pouvez quasiment vous payer une BMW M3 ou une Mercedes-Benz C 63 AMG, deux bagnoles ultra performant­es de plus de 400 chevaux.

Toutefois, dans sa version la plus abordable, la XE à moteur V6 et à traction intégrale demeure offerte à un prix assez raisonnabl­e : 48 900 $. Pour une berline de luxe aussi puissante, on a déjà vu pire ! Et pour ceux qui n’ont pas besoin d’autant de puissance, les versions à quatre cylindres sont offertes à partir de 43 900 $.

Il faudra beaucoup de temps à Jaguar avant de se faire un nom dans le créneau des berlines compactes de luxe. Mais avec la XE, on a finalement l’impression qu’on sait où on s’en va.

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