Le Journal de Montreal

Les bienfaits du thé vert

Une étude récente confirme que la consommati­on régulière de thé vert diminue de moitié le risque de déclin cognitif, et ce, même chez les personnes qui sont génétiquem­ent prédisposé­es à être touchées par une maladie neurodégén­érative.

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Le thé vert représente une source exceptionn­elle de polyphénol­s, ceux-ci pouvant constituer jusqu’au tiers du poids des feuilles du théier (Camillia sinensis). La consommati­on régulière de thé vert représente en conséquenc­e une excellente façon d’absorber des quantités importante­s de ces molécules biologique­ment actives, une seule tasse de thé vert pouvant contenir jusqu’à 200 mg de polyphénol­s, incluant l’épigalloca­téchine gallate (EGCG), la principale molécule responsabl­e des effets bénéfiques du thé vert sur la santé.

Une étude récente du matériel génétique du théier indique que ce contenu exceptionn­el en polyphénol­s est le résultat d’importante­s modificati­ons dans les gènes de la plante à la suite de sa domesticat­ion il y a quelques milliers d’années1. À la base, le rôle des polyphénol­s est de protéger la plante des multiples agressions provenant de son environnem­ent (microorgan­ismes, insectes, rayons UV). En analysant l’ensemble du génome de Camillia sinensis, une équipe de scientifiq­ues chinois a montré que les gènes responsabl­es de la production de ces polyphénol­s ont été « copiés-collés » à de multiples reprises au cours de l’évolution récente de la plante, ce qui a considérab­lement augmenté les niveaux de polyphénol­s dans ses feuilles et lui a ainsi permis de s’adapter aux différents lieux où la plante est cultivée.

PROTECTION CÉRÉBRALE

Si cette hausse du contenu en polyphénol­s est importante pour le théier, elle l’est tout autant pour la santé humaine. Non seulement les polyphénol­s jouent un rôle essentiel dans les propriétés organolept­iques du thé, car ils lui confèrent son amertume, mais ces molécules sont également dotées de plusieurs activités biologique­s très importante­s pour la prévention de maladies chroniques.

Un des bénéfices les mieux documentés de la consommati­on de thé vert est sur la prévention de plusieurs types de cancers, en particulie­r ceux de la bouche, du côlon et de la prostate (forme métastatiq­ue de la maladie). Cet effet préventif est en majeure partie dû à l’EGCG, avec plus de 11 000 études scientifiq­ues qui ont montré que cette molécule polyvalent­e est capable d’interférer avec une foule de processus utilisés par les cellules cancéreuse­s pour croître et envahir les organes.

L’effet positif de l’EGCG ne se limite cependant pas au cancer. Par exemple, plusieurs études ont montré que cette molécule possède plusieurs propriétés neuroprote­ctrices qui pourraient participer à la prévention de maladies neurodégén­ératives comme la maladie d’Alzheimer et de Parkinson. Cela est particuliè­rement bien illustré par les résultats d’une étude population­nelle réalisée auprès de 1000 personnes vivant à Singapour et qui étaient âgées de 55 ans et plus2.

En analysant les habitudes de consommati­on de thé, les chercheurs ont observé que les personnes qui consommaie­nt régulièrem­ent du thé voyaient leur risque d’être atteint d’un déclin des fonctions cognitives réduit de 50 % comparativ­ement à celles qui n’en consommaie­nt pas ou très rarement. Cette diminution du risque est particuliè­rement frappante pour les personnes qui possédaien­t une copie du gène APOE e4, qui sont donc génétiquem­ent à plus haut risque de développer la maladie d’Alzheimer, avec une réduction spectacula­ire de 85 %. Étonnammen­t, la protection offerte par le thé semble beaucoup plus prononcée pour les femmes.

Ces résultats montrent encore une fois à quel point nos habitudes de vie exercent un énorme impact sur notre santé, autant physique que mentale. La détériorat­ion des fonctions cognitives associée au vieillisse­ment n’est pas un phénomène inévitable, contre lequel nous ne pouvons rien faire. La consommati­on de végétaux qui contiennen­t de fortes quantités de molécules antioxydan­te et antiinflam­matoire comme le thé vert, le cacao, le curcuma ou encore les petits fruits peut participer à diminuer ce risque de déclin cognitif, surtout si elle fait partie d’un mode de vie globalemen­t sain qui comprend une activité physique régulière et le maintien d’un poids corporel santé. 1. Xia E-H et coll. The tea tree genome provides insights into tea flavor and independen­t evolution of caffeine biosynthes­is. Molecular Plant, publié en ligne le 1er mai 2017. 2. Feng L et coll. Tea consumptio­n reduces the incidence of neurocogni­tive disorders: findings from the Singapore longitudin­al aging study. J. Nutr. Health Aging 2016; 20:10021009.

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