Le Journal de Montreal

Les citoyens disent non au cimetière musulman

La communauté musulmane de Québec a fait part de son désarroi, mais refuse de baisser les bras

- DOMINIQUE LELIÈVRE

QUÉBEC | Les émotions sont vives à Saint-Apollinair­e après le rejet, par un petit nombre de voix, du projet de cimetière musulman. La désolation se manifestai­t dans les deux camps, en soirée hier, à l’issue d’un référendum très serré.

Sur les 49 citoyens habilités à se prononcer, 19 se sont opposés au projet du complexe funéraire Harmonia et du Centre culturel islamique de Québec (CCIQ), tandis que 16 l’ont appuyé. Un vote a été rejeté, pour un taux de participat­ion de 75 %.

C’est donc un retour à la case départ pour la communauté musulmane de Québec qui cherche à se doter d’un cimetière depuis plusieurs années. Quelques minutes après l’annonce du résultat, le responsabl­e de ce dossier au CCIQ peinait à contenir ses émotions. « Ils ont laissé la parole à une minorité et c’est ça qui est malheureux […] On vient de dire à plusieurs milliers de musulmans de Québec : non, on ne veut pas de vous », a laissé tomber Mohamed Kesri.

Le secrétaire du CCIQ a promis de « continuer à se battre tant que la communauté nous en donnera le mandat », ajoutant que d’autres solutions étaient sur la table, sans vouloir les détailler. Il n’écarte pas non plus un recours devant la Commission des droits de la personne.

TOUS PERDANTS

Dans le camp du non, on ne semblait pas plus satisfait du résultat. « Tout le monde sort perdant, il n’y a rien à gagner dans une situation comme celle-là. C’est comme un divorce », a exprimé Sunny Létourneau, porte-parole du Comité de l’Alternativ­e citoyenne, se disant « déchirée ».

La résidente militait pour un cimetière confession­nel à l’image de celui récemment inauguré à Saint-Augustin-de-Desmaures. La communauté musulmane répliquait qu’elle souhaite pouvoir enterrer ses morts dans un endroit qui lui est entièremen­t consacré.

Pour le maire Saint-Apollinair­e, Bernard Ouellet, qui s’était prononcé en faveur du projet, il est clair que la municipali­té de 6000 habitants a porté le fardeau d’un débat qui la dépassait largement. « On s’aperçoit que ça ne nous concerne pas seulement, nous, et que c’est un sujet délicat partout au Québec. »

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