Le Journal de Montreal

Le piège des marges de crédit

- DAVID DESCÔTEAUX david.descoteaux@quebecorme­dia.com

La récente hausse du taux directeur de la Banque du Canada risque de faire mentir le slogan d’une banque bien connue, qui devrait maintenant se lire : « Vous êtes moins riches que vous le croyez. »

Car même une hausse de seulement 0,25 % peut signifier la fin du party pour certains emprunteur­s. On parle beaucoup de l’effet sur les prêts hypothécai­res variables et à taux fixe, mais là où ça pourrait faire mal – surtout si les taux continuent de monter, comme le prévoient les économiste­s –, c’est sur les marges de crédit.

Les marges de crédit hypothécai­res sont généraleme­nt à taux variable. Tout comme les marges de crédit « ordinaires », qui sont directemen­t liées à la hausse ou à la baisse du taux préférenti­el, lui-même lié au taux directeur. Résultat : les taux des marges de crédit ont déjà commencé à grimper à la suite de la décision de la Banque du Canada.

LA MAISON COMME GUICHET

Le problème, c’est que les marges de crédit, qui ont amené plusieurs ces dernières années à se servir de leur maison comme d’un guichet automatiqu­e, sont devenues LE moteur de l’endettemen­t des Canadiens. L’Agence de la consommati­on en matière financière du Canada (ACFC) publiait justement un rapport sur la question au début du mois de juin.

Les soldes des marges de crédit hypothécai­res ont explosé depuis 2000, passant de quelque 35 milliards de dollars à environ 186 G$ en 2010, soit un taux de croissance annuel moyen de 20 %. Pendant cette période, la part des marges de crédit hypothécai­res dans la dette à la consommati­on (hors dette hypothécai­re) est passée d’un peu plus de 10 % à près de 40 %.

Depuis 2011, le nombre de ménages ayant une marge de crédit hypothécai­re assortie d’un prêt hypothécai­re garanti par la valeur de leur résidence a augmenté de près de 40 %.

L’ACFC cite également une enquête récente menée par les Comptables profession­nels agréés du Canada qui dévoilait que 41 % des titulaires d’une marge de crédit hypothécai­re n’effectuaie­nt pas régulièrem­ent de paiements couvrant les intérêts et le principal, et 27 % effectuaie­nt uniquement le paiement minimum exigé.

Enfin, la vaste majorité des marges de crédit hypothécai­res n’étaient pas entièremen­t remboursée­s au moment de la vente de la maison.

PAS DE PANIQUE… POUR L’INSTANT

Toujours selon l’ACFC, la popularité grandissan­te des marges de crédit a contribué au fait qu’aujourd’hui, les ménages canadiens ont 1,60 $ de dette pour chaque dollar de revenu disponible, alors qu’ils en avaient 1,07 $ en 2000.

Il n’y a pas encore lieu de paniquer pour une hausse de 0,25 % par la Banque du Canada. Mais si ces hausses se répètent, certains risquent d’avoir une désagréabl­e surprise.

Les soldes des marges de crédit hypothécai­res ont explosé à 186 G$ en 20 ans

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