Le Québec est un paradis des centres de données
Déjà plus d’une quarantaine de ces installations ont été érigées
Jamais le Québec n’a été si séduisant pour les géants du web, qui se battent désormais pour avoir leur centre de données ici. Une guerre de titans qui a des retombées économiques de plusieurs centaines de millions de dollars.
« Il y a un buzz autour de Montréal, une véritable effervescence », note Marc-Antoine Pouliot, porte-parole d’Hydro-Québec, qui a lancé l’été dernier une offensive pour attirer des entreprises américaines à venir s’installer ici.
Hydro-Québec ne s’en cache pas, elle veut mettre la main sur les 20 G$ d’investissements prévus en Amérique du Nord au cours des trois prochaines années. Aux États-Unis, les centres de données consomment 2 % de l’énergie totale.
D’ici 2020, Hydro-Québec prévoit que l’ensemble de la consommation des centres de données va exploser à 350 mégawatts, soit l’équivalent d’une petite aluminerie.
Pas question pour l’instant pour Hydro-Québec de concurrencer les centres de données existants avec leurs propres installations. La société d’État se contente de leur fournir de l’électricité, a précisé M. Pouliot d’Hydro-Québec.
Le principal centre de données informatiques d’Hydro-Québec, situé à Drummondville, devait être, au départ, un centre de relève en cas de panne.
Seulement l’État de la Virginie, avec ses agences gouvernementales et son immense réseau de télécommunications, détrône Montréal. La métropole québécoise vient en deuxième. Arrivent ensuite New York et New Jersey, Dallas, Phoenix, Chicago et Houston.
GÉANT EUROPÉEN
Le Québec pourrait toutefois bien rattraper sa soeur américaine bientôt. Pour preuve, au cours de la dernière année seulement, pas moins de cinq centres de données sont entrés en service (voir tableau) et trois autres majeurs ont été annoncés (voir tableau).
Mais certains n’attendent pas d’être courtisés par la société d’État pour s’installer au Québec.
C’est le cas d’OVH. Cédric Combey, vice-président Ventes OVH Canada, est fier d’avoir récemment investi plus de 40 M$ dans son centre de données ces cinq dernières années.
« En 2012, nous étions une seule personne. Aujourd’hui, nous sommes 200! Et nous cherchons désespérément des employés qualifiés. C’est l’enfer puisque nous courrons tous après la même ressource... », a-t-il partagé.
Le VP d’OVH trouve extrêmement compliqué de trouver la main-d’oeuvre spécialisée, du fait de la redoutable concurrence. « J’ai 20 postes d’ouverts en ce moment, certains le sont depuis plus de six mois », a-t-il dit.
DU SANG NEUF
L’engouement pour les centres de données n’attire pas que des géants technologiques, certaines entreprises naissent de ce bouillonnement d’activité.
En juin dernier, la Caisse de dépôt et placement du Québec et le groupe immobilier Canderel ont investi plus de 80 M$ dans une nouvelle société appelée eStruxture offrant des solutions de centres de données infonuagiques.