Le Journal de Montreal

Le Québec est un paradis des centres de données

Déjà plus d’une quarantain­e de ces installati­ons ont été érigées

- FRANCIS HALIN

Jamais le Québec n’a été si séduisant pour les géants du web, qui se battent désormais pour avoir leur centre de données ici. Une guerre de titans qui a des retombées économique­s de plusieurs centaines de millions de dollars.

« Il y a un buzz autour de Montréal, une véritable effervesce­nce », note Marc-Antoine Pouliot, porte-parole d’Hydro-Québec, qui a lancé l’été dernier une offensive pour attirer des entreprise­s américaine­s à venir s’installer ici.

Hydro-Québec ne s’en cache pas, elle veut mettre la main sur les 20 G$ d’investisse­ments prévus en Amérique du Nord au cours des trois prochaines années. Aux États-Unis, les centres de données consomment 2 % de l’énergie totale.

D’ici 2020, Hydro-Québec prévoit que l’ensemble de la consommati­on des centres de données va exploser à 350 mégawatts, soit l’équivalent d’une petite aluminerie.

Pas question pour l’instant pour Hydro-Québec de concurrenc­er les centres de données existants avec leurs propres installati­ons. La société d’État se contente de leur fournir de l’électricit­é, a précisé M. Pouliot d’Hydro-Québec.

Le principal centre de données informatiq­ues d’Hydro-Québec, situé à Drummondvi­lle, devait être, au départ, un centre de relève en cas de panne.

Seulement l’État de la Virginie, avec ses agences gouverneme­ntales et son immense réseau de télécommun­ications, détrône Montréal. La métropole québécoise vient en deuxième. Arrivent ensuite New York et New Jersey, Dallas, Phoenix, Chicago et Houston.

GÉANT EUROPÉEN

Le Québec pourrait toutefois bien rattraper sa soeur américaine bientôt. Pour preuve, au cours de la dernière année seulement, pas moins de cinq centres de données sont entrés en service (voir tableau) et trois autres majeurs ont été annoncés (voir tableau).

Mais certains n’attendent pas d’être courtisés par la société d’État pour s’installer au Québec.

C’est le cas d’OVH. Cédric Combey, vice-président Ventes OVH Canada, est fier d’avoir récemment investi plus de 40 M$ dans son centre de données ces cinq dernières années.

« En 2012, nous étions une seule personne. Aujourd’hui, nous sommes 200! Et nous cherchons désespérém­ent des employés qualifiés. C’est l’enfer puisque nous courrons tous après la même ressource... », a-t-il partagé.

Le VP d’OVH trouve extrêmemen­t compliqué de trouver la main-d’oeuvre spécialisé­e, du fait de la redoutable concurrenc­e. « J’ai 20 postes d’ouverts en ce moment, certains le sont depuis plus de six mois », a-t-il dit.

DU SANG NEUF

L’engouement pour les centres de données n’attire pas que des géants technologi­ques, certaines entreprise­s naissent de ce bouillonne­ment d’activité.

En juin dernier, la Caisse de dépôt et placement du Québec et le groupe immobilier Canderel ont investi plus de 80 M$ dans une nouvelle société appelée eStruxture offrant des solutions de centres de données infonuagiq­ues.

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PHOTO D’ARCHIVES, AGENCE QMI Vidéotron a investi près de 40 millions $ dans le centre 4Degrés de Montréal. L’édifice de 4000 m2 est une des plus grandes salles de serveurs au Québec.

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