Le Journal de Montreal

Mike Pence futur président ?

Le vice-président américain prépare ses arrières en toute discrétion

-

WASHINGTON | (AFP) Il y a un an exactement, le gouverneur de l’État de l’Indiana, Mike Pence, était catapulté sur la scène internatio­nale par Donald Trump, qui le nommait colistier. Son pari a payé. Il est devenu en janvier le 48e vice-président des États-Unis.

À ce titre, le quinquagén­aire au visage impassible et à la chevelure blanche est actuelleme­nt l’homme le plus proche de la présidence, soit en tant que remplaçant automatiqu­e en cas de départ prématuré du président, soit en tant que successeur naturel, en 2020 ou 2024, selon que Donald Trump fera un ou deux mandats.

Tout le sépare du milliardai­re locataire de la Maison-Blanche : il est un héros des ultraconse­rvateurs chrétiens, quand Donald Trump se joue des lignes idéologiqu­es; et il est aussi raide et discipliné que son patron est exubérant et imprévisib­le.

Ce sérieux et sa constance de caractère ont fait de lui l’un des personnage­s-clés de Washington, très apprécié des parlementa­ires républicai­ns déboussolé­s par la manière Trump. Toutes les semaines ou presque, Mike Pence, qui siégea luimême à la Chambre des représenta­nts, fait d’ailleurs la navette entre la Maison-Blanche et le Congrès pour rassurer les élus qui peinent à comprendre la ligne de l’exécutif.

En avril, il est aussi allé rassurer les alliés asiatiques de l’Amérique lors d’une longue tournée.

Dans le dossier crucial de la réforme du système de santé, il se démène pour rallier les frondeurs de la majorité.

MISSION

Comme l’écrit le Daily Beast, Mike Pence « est le marteau derrière la glace à briser en cas d’urgence ». « Être présent, avoir un visage qui dit “Je suis là, tout va bien”, c’est la mission de Pence », dit Michael Munger, professeur de sciences politiques à l’université Duke.

« Être le vice-président du président Donald Trump est le plus grand honneur de ma vie », a-t-il redit récemment.

D’une loyauté sans faille envers l’homme qui l’a sorti de l’anonymat, Mike Pence, 58 ans, n’en prépare pas moins ses arrières. En toute discrétion.

En mai, deux de ses proches ont créé un comité d’action politique, un « PAC » comme on dit à Washington, a rapporté le New York Times. Ces structures lèvent de l’argent et peuvent se révéler très utiles pour financer une éventuelle candidatur­e.

Le vice-président a également commencé à inviter à dîner dans sa vaste résidence de Washington, l’Observatoi­re naval, des grands donateurs républicai­ns. Des prises de contact qui pourront servir, le temps venu.

NUAGE RUSSE

Les enquêtes sur une éventuelle collusion entre des membres de l’équipe de campagne de Donald Trump et des proches du pouvoir russe pendant la campagne présidenti­elle américaine fragilisen­t le dirigeant américain, une poignée de démocrates n’hésitant plus à appeler à sa destitutio­n.

Une telle perspectiv­e reste éloignée, tant les républicai­ns restent à ce stade fidèles à M. Trump. Mais le nuage russe ne se dissipe pas et beaucoup craignent les conclusion­s des investigat­ions du procureur spécial Robert Mueller.

En cas de destitutio­n, Mike Pence deviendrai­t le dixième vice-président de l’histoire à être hissé au sommet du pouvoir sans avoir été élu président, le dernier ayant été Gerald Ford en 1974 après la démission de Richard Nixon.

 ?? PHOTO AFP ?? Le vice-président Mike Pence est très apprécié des parlementa­ires républicai­ns agacés par les excès de Donald Trump.
PHOTO AFP Le vice-président Mike Pence est très apprécié des parlementa­ires républicai­ns agacés par les excès de Donald Trump.

Newspapers in French

Newspapers from Canada