Le Journal de Montreal

LOUISE DESCHÂTELE­TS

De l’importance de respecter les croyances

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louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Quand ta mère n’est pas une mère

Je ne sais pas si vous me parlerez comme mes proches qui me disent que je devrais faire le deuil de ma mère telle que je voudrais qu’elle soit, mais je vous préviens, c’est une décision impossible pour moi. Voici un aperçu de ma vie pour que vous puissiez m’aider à diminuer mes souffrance­s.

Je suis la plus vieille d’une famille de trois dont les deux plus jeunes sont des jumeaux. Ma mère les a eus alors qu’elle avait dépassé la quarantain­e et que j’avais huit ans. À cette époque j’étais déjà quasiment la mère de ma mère, car en bonne femme/enfant qu’elle était, elle comptait sur moi pour l’aider en tout. Mon père, très pris par ses affaires, n’était jamais à la maison et comptait sur moi pour le remplacer auprès de sa femme au plan moral, alors qu’il payait pour le reste, c’est à dire l’entretien ménager et domestique.

Ma mère ne s’est jamais remise de cette grossesse tardive et mes frères m’ont eue comme mère de substituti­on quand leur gardienne attitrée s’absentait. Je n’ai pour ainsi dire pas eu de jeunesse, devant toujours pallier à l’incompéten­ce de ma mère dans l’accompliss­ement de ses tâches, auquel s’ajoutait son incapacité à acquérir de la maturité.

J’ai toujours été sa gardienne et son souffre-douleur, et ça c’est empiré depuis le décès de mon père en 2002. Mes frères ont très peu d’attachemen­t pour elle vu qu’ils ne l’ont jamais vraiment connue dans leur enfance. Alors ça ne les intéresse pas de s’occuper d’elle. Ce qui fait que rendue à 65 ans, ma vie tourne autour d’elle et de ses besoins. Comme je n’ai pas de famille à moi et que je ne vois pas le jour où elle va changer puisque malgré ses 90 ans elle est en pleine forme et ne souffre d’aucune maladie, Je me demande comment lui apprendre à devenir adulte? Comment faire pour qu’elle me laisse ma part de liberté? Fille et mère de sa mère

Je pense que vous souhaitez l’impossible vu l’âge de votre mère, et qu’à moins de prendre la situation sous l’angle d’un travail à accomplir pour acquérir vous-même une part de liberté méritée, vous ramez dans le vide. Une mère inadéquate, ça ne se change pas à 90 ans. La seule personne sur laquelle vous avez du pouvoir, c’est sur vous. Le jour où vous déciderez de vous accorder la liberté qui semble vous manquer, et bien vous prendrez les moyens de changer ce qu’il faut dans votre vie pour y parvenir. Mais comme malheureus­ement pour faire ça il va falloir priver votre mère de votre présence constante, que vous affirmez en début de lettre ne pas pouvoir le faire, et bien vous connaissez la réponse.

J’ai trouvé les propos de Nicholas V. peu gentils à l’endroit des soeurs Dion. Tout comme Céline et Claudette, je crois au fait que nos proches continuent de nous accompagne­r après leur décès. À titre d’exemple, ma propre fille est décédée à 31 ans le dans un accident.

Donc le 14 mai dernier, pour commémorer les dix ans de son grand départ, mais aussi pour avoir contribué à faire en sorte que le cancer qui me rongeait soit éliminé de mon corps, j’ai lancé dans les airs 10 ballons pour la remercier. Je reste convaincue que les prières que je lui adressais depuis des mois à cet effet, elle les a entendues, puisque le 9 mais dernier mon médecin m’a annoncé qu’il n’y avait plus aucune trace de cancer en moi. Personne ne devrait juger les gens sur leurs croyances. Une maman qui va beaucoup mieux

Effectivem­ent les croyances de quelqu’un font partie de sa vie privée et ne regardent qu’elle. Cela dit, dans la mesure où les dites croyances ne viennent pas empiéter sur la liberté des autres.

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