Pas les moyens de mieux intervenir
Conscients des dangers liés aux opioïdes, les ordres professionnels des médecins et des pharmaciens veulent mieux encadrer la prescription, et réclament un meilleur accès aux données.
« Ce qui est frustrant, c’est qu’on se fait reprocher de ne pas intervenir. C’est la frustration absolue », réagit le Dr Yves Robert, secrétaire du Collège des médecins du Québec (CMQ).
« On veut monitorer ce qui se passe », ajoute Bertrand Bolduc, président de l’Ordre des pharmaciens du Québec (OPQ).
Bien au fait du problème grandissant lié aux opioïdes, ces ordres professionnels veulent avoir accès aux données de prescriptions de leurs membres. Or, la loi actuelle de l’accès à l’information ne leur permet pas de consulter ces données, et le gouvernement devra légiférer pour changer la situation.
« On veut avoir les données en temps réel des ordonnances. […] L’objectif, c’est s’assurer qu’il n’y a pas de prescriptions excessives, et des médecins et des pharmaciens déviants », explique le Dr Robert.
« On en a besoin pour mieux protéger le public », juge-t-il.
« LUMIÈRE ROUGE »
« On est encouragés parce que le ministre [responsable de l’Accès à l’information] est favorable. Mais, ça ne se fait pas en 15 minutes », soutient M. Bolduc.
Selon les ordres professionnels, une des solutions est de fragmenter les doses d’opioïdes remises par le pharmacien au patient.
« Une ordonnance, ce n’est pas une obligation, c’est une autorisation, dit M. Bolduc. Les pharmaciens peuvent la refuser. On a des catégories de médicaments à haut risque, dont les opioïdes. Ça allume la lumière rouge. »
Par ailleurs, le problème de surdoses mortelles ailleurs au pays ne tardera pas à toucher le Québec, craint le CMQ.
« La question, ce n’est pas si [ça va venir], mais quand et à quelle vitesse », dit le Dr Robert. On a une occasion en or de faire de la prévention avant que la drogue de rue arrive. »
Déjà, le CMQ travaille avec les facultés de médecine pour améliorer la formation des futurs professionnels.