Le Journal de Montreal

« Je n’aurais jamais dû prendre ce médicament »

Un Montréalai­s a finalement vaincu sa dépendance à la méthadone après cinq ans

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T

Un homme de 33 ans s’est battu durant cinq ans pour combattre sa dépendance à la méthadone, un puissant opioïde qui a « ruiné sa vie ».

« Ça a été le plus gros combat de ma vie », jure le Montréalai­s Jason Parasuco.

« Je n’aurais jamais dû prendre ce médicament, déplore-t-il. La méthadone, ce n’est pas fait pour tout le monde. Je vois des gens pour qui ça fonctionne bien, mais ça a ruiné ma vie. »

En 2010, la vie de celui qui travaillai­t dans la mode a complèteme­nt chaviré, à Toronto. Après avoir été battu et séquestré durant trois jours, M. Parasuco a été hospitalis­é.

Pour contrer la douleur, les médecins lui ont prescrit de l’OxyContin, un puissant opioïde. Dans les mois suivant son congé, son omnipratic­ien lui prescrivai­t 300 comprimés de 80 milligramm­es (mg) par mois.

« Je ne connaissai­s rien à la dépendance, jure-t-il. Mon médecin ne m’a pas expliqué ça. »

« Je prenais toujours des doses plus fortes. Si j’en manquais, mon docteur m’en prescrivai­t sans poser de question. »

Après un certain temps, M. Parasuco a essayé en vain de cesser la médication par lui-même.

« Je devenais malade. Je ne pouvais plus dormir, j’avais des sueurs, mon corps me faisait mal », se rappelle-t-il.

ACCRO

« DANS MA TÊTE, JE NE VOULAIS PAS EN PRENDRE. MAIS MON CORPS ÉTAIT ACCRO. ILS ONT FAIT DE MOI UN ZOMBIE. JE N’ÉTAIS PLUS MOI-MÊME. » – Jason Parasuco, qui a surmonté sa dépendance à la méthadone

De retour à Montréal en 2011, le jeune homme a été placé sur un traitement de substituti­on à la méthadone, à l’hôpital SaintLuc (CHUM).

« Avant d’avoir mon congé, j’étais devenu accro. J’ai écouté les médecins, ils ont augmenté la dose », déplore celui qui prenait jusqu’à 150 mg par jour. « Et ça, c’est beaucoup », soutient-il. « Dans ma tête, je ne voulais pas en prendre. Mais mon corps était accro. Ils ont fait de moi un zombie. Je n’étais plus moi-même. C’était encore plus dur que l’OxyContin. »

Aujourd’hui, Jason Parasuco calcule que son combat contre la méthadone a duré cinq ans.

« J’ai essayé d’arrêter par moi-même, mais c’est pratiqueme­nt impossible. Sans le réaliser, t’es high. Je perdais toujours mon emploi, j’avais perdu mon ambition, mon focus. Je n’étais pas la même personne », confie-t-il.

En raison de la médication, M. Parasuco a développé une pancréatit­e chronique, et a été hospitalis­é à plusieurs reprises au cours des dernières années.

MÉTA D’ÂME

En 2016, il a réussi à cesser la méthadone, mais a ensuite pris de la suboxone durant un an, un autre traitement de substituti­on.

Aujourd’hui, M. Parasuco a une prescripti­on d’hydromorph­one (un autre opioïde). L’homme prend 18 mg par jour, mais sa dose diminue graduellem­ent.

Une fois sevré, il compte bien se retrouver un travail. D’ici là, il reçoit l’aide de Méta d’Âme, un organisme qui accompagne les dépendants aux opioïdes, à Montréal.

PAS POUR TOUS

Bien qu’il sait que la méthadone aide les toxicomane­s, M. Parasuco est d’avis que les médecins doivent être plus prudents.

« Je connais plein de gens qui n’auraient jamais pensé se retrouver là-dessus, et ils ne sont plus capables d’arrêter. »

« Et les gens doivent se renseigner. Les médecins ne prennent pas assez de temps avec leurs patients », dit-il.

 ?? PHOTO BEN PELOSSE ?? Le Montréalai­s Jason Parasuco s’est battu pendant cinq ans pour combattre sa dépendance à la méthadone, qu’il a commencé à prendre pour gérer une douleur physique. Il croit que les médecins doivent être plus prudents lorsqu’ils prescriven­t des opioïdes.
PHOTO BEN PELOSSE Le Montréalai­s Jason Parasuco s’est battu pendant cinq ans pour combattre sa dépendance à la méthadone, qu’il a commencé à prendre pour gérer une douleur physique. Il croit que les médecins doivent être plus prudents lorsqu’ils prescriven­t des opioïdes.

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