Inquiets pour leurs filles parties joindre l’EI
Ils craignent que leurs jeunes se trouvent entre les mains de l’armée irakienne
Des familles québécoises dont les filles ont rejoint les rangs des djihadistes au Moyen-Orient craignent qu’elles ne se retrouvent entre les mains de l’armée irakienne, maintenant qu’elle a vaincu le groupe armé État islamique.
« J’ai des parents qui pleurent et qui ne savent plus quoi faire [...] Ils sont dans le néant absolu », lance le directeur du Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence, Herman Okomba-Deparice.
Les parents qui pouvaient avoir des nouvelles de leur enfant tous les trois ou quatre mois se demandent s’ils sont encore vivants.
« Toute communication est rompue, c’est le sauve-qui-peut des autorités irakiennes », poursuit-il.
Des familles s’inquiètent surtout depuis que des médias européens ont rapporté que 20 femmes auraient été arrêtées, après avoir été retrouvées dans un tunnel à Mossoul, où se déroulaient les derniers combats contre les djihadistes.
Citant un rapport des forces antiterroristes irakiennes, les médias disent qu’il y aurait deux Canadiennes parmi les 20 femmes, ainsi que des Allemandes, des Turques et des Russes.
Pour l’instant, leur identité reste inconnue. La porte-parole d’Affaires mondiales Canada, Jocelyn Sweet, répond par courriel que le gouvernement a vu les reportages et tente d’en savoir davantage.
SIX FAMILLES
M. Okomba-Deparice a aussi communiqué avec les autorités irakiennes afin de savoir si les deux Canadiennes viennent du Québec. On ne connaît pas le nombre exact de Québécois qui se seraient joints au groupe armé État islamique, dit-il, mais son centre connaît au moins six familles dont les filles sont parties au Moyen-Orient.
Il rappelle que les conditions de détention et d’arrestation en Irak sont loin d’être les mêmes qu’ici, et que les familles ont peur qu’elles soient victimes de violence physique ou sexuelle.
Les médias européens ont notamment diffusé des images de l’arrestation de celle qui serait une jeune Allemande de 16 ans radicalisée, qui a fui son pays pour rejoindre les djihadistes.
Les autorités allemandes croient qu’elle se serait convertie à l’islam après être tombée amoureuse d’un membre du groupe armé État islamique avec lequel elle clavardait.
Les images la montrent frêle et couverte de poussière, alors que des militaires irakiens l’entourent et la prennent en photo.
FLOU JURIDIQUE
Herman Okomba-Deparice soutient que les familles ignorent où et comment seront jugés les Québécois qui ont rejoint les rangs des djihadistes.
Il y aurait de 20 à 30 Québécois partis au Moyen-Orient, et de 130 à 250 Canadiens, selon le Centre de prévention de la radicalisation menant à la violence.
« On ne sait pas s’il y aura des extraditions, mais les familles aimeraient mieux qu’ils soient jugés ici », dit M. Okomba-Deparice, ajoutant que l’Irak a la peine de mort comme sanction.
« Des jeunes filles ont aussi eu des enfants sur place, alors il y a un dilemme sur leur nationalité », poursuit-il.
S’ils rentrent au pays, les jeunes Québécois devront aussi faire face à la justice, prévient M. Okomba-Deparice.