Le Journal de Montreal

Les désavantag­es de louer sur Airbnb

- Stéphane Desjardins Spécialist­e en consommati­on

« On peut faire beaucoup d’argent avec Airbnb, à condition de respecter la loi. Sinon, vous vous exposez à de très gros problèmes », affirme Marwah Rizqy, professeur­e à l’École de gestion de l’Université de Sherbrooke.

Car les autorités touristiqu­es et fiscales scrutent attentivem­ent les annonces Airbnb. Si vous louez régulièrem­ent votre logement ou une chambre sur cette plateforme, c’est considéré comme du commerce. Voici une liste de contrainte­s qui peuvent frapper fort sur vos finances.

IMPÔT

Tous vos revenus accumulés avec Airbnb doivent être déclarés au fisc et sont imposables. Sinon, vous risquez un nouvel avis de cotisation, doublé de pénalités et d’intérêts, rétroactif sur trois ans.

TAXES DE VENTE

Si vos revenus annuels obtenus avec Airbnb dépassent les 30 000 $, vous devez vous inscrire auprès de Revenu Québec et percevoir la TPS (5 %) et la TVQ (9,975 %). Pour informatio­ns : http://bit.ly/2sQo8bI.

Revenu Québec dispose de pouvoirs étendus, allant jusqu’à la saisie sans préavis de vos comptes de banque, pour récupérer des taxes, des intérêts et des pénalités.

ASSURANCES

Avant d’afficher sur Airbnb, avertissez votre courtier ou votre assureur (le Code civil l’exige).

Sinon, en cas de sinistre, ce dernier pourrait refuser de plein droit de vous indemniser.

Les polices habitation standard permettent la location pour 30 jours ou moins par année, mais l’assureur peut annuler le contrat, augmenter vos primes ou votre franchise, ou exiger un nombre maximal annuel de nuitées.

RÈGLEMENTS

Vérifiez le règlement de zonage de votre municipali­té ou arrondisse­ment, qui permet ou interdit les résidences touristiqu­es. Le règlement de votre immeuble en copropriét­é pourrait interdire ou limiter les locations à court terme.

ATTESTATIO­N

Vous devez obtenir une attestatio­n de classifica­tion de la Corporatio­n de l’industrie touristiqu­e du Québec (citq. qc.ca — frais annuels d’environ 250 $). Sinon, les amendes varient de 2500 $ à 100 000 $.

GESTION

Pour louer à répétition sur Airbnb, il faut s’impliquer dans le choix des invités, la transmissi­on des clés, le ménage, la paperasse et l’accueil. Vous pouvez confier la gestion de votre unité à un cohôte (trouvé sur la plateforme Airbnb) ou à une entreprise spécialisé­e. Le rendement diminue, mais vous avez l’esprit tranquille.

VOISINS

Airbnb fait souvent la manchette concernant des cas de tapage nocturne, déchets déposés au mauvais moment, vandalisme, vols, prostituti­on… Choisissez soigneusem­ent vos invités (en évitant, par exemple, les jeunes durant la relâche scolaire…). Si votre activité Airbnb trouble à répétition la quiétude de vos voisins, vous vous exposez à des poursuites.

Québec solidaire a d’ailleurs déposé un projet de loi qui forcerait Airbnb à communique­r au fisc tous les renseignem­ents liés aux transactio­ns, à percevoir les taxes, à limiter le nombre de permis Airbnb à un par personne, ainsi que le nombre de nuitées par logement à moins de 61 par année, sans avoir à se procurer une attestatio­n de classifica­tion.

Car Airbnb provoque une baisse de l’offre de logements locatifs à long terme partout dans le monde, y compris au Québec. Des groupes communauta­ires du Plateau et de la Petite-Patrie réclament carrément d’interdire Airbnb sur leur territoire !

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