Le Journal de Montreal

« Je vais répondre comme un dinosaure »

L’humoriste Michel Barrette n’a rien contre la Formule électrique, mais…

- LOUIS BUTCHER

On connaît la passion de Michel Barrette pour l’automobile, celle qui fait du bruit et qui dégage cette odeur de moteur à essence.

Or, quand on demande à l’humoriste et collection­neur de voitures de parler de véhicule électrique, il répond de façon, disons « politicall­y correct ».

Dans une entrevue accordée au Journal de Montréal hier, Barrette dit ne rien avoir contre les technologi­es vertes qui représente­nt un sujet… branché dans le monde de l’automobile.

« Moi, je vais répondre comme un dinosaure, répond-il. Je suis d’une autre génération. Je fais partie de ces baby-boomers qui ont été élevés avec les moteurs à combustion, et tout ce qui vient avec : la pollution et la consommati­on d’essence.

« La voiture électrique, c’est un contexte que je comprends bien, poursuit-il. Et je suis obligé d’admettre que la nouvelle génération est sensibilis­ée à la réalité d’aujourd’hui. Les plus jeunes ont une conscience plus élevée.

« Je l’avoue, je suis un peu menteur. Mon associé en affaires [avec qui il est propriétai­re de l’Hôtel des Trois Tilleuls à Saint-Marcsur-Richelieu], possède deux Tesla, cette voiture 100 pour cent électrique considérée comme la nec plus ultra sur le marché. De temps en temps, il me passe les clés pour que j’aille m’amuser. Pour me montrer comment ça marche une voiture électrique. »

SANS BRUIT NI VIBRATION

« Mais, renchérit-il, je reviens en lui disant que, oui, c’est performant une voiture électrique. Ça répond bien à l’accélérati­on, c’est très puissant à bas régime. Cependant, le bruit et les vibrations me manquent. »

Barrette, qui a 60 ans, a vécu l’époque des voitures musclées [les muscle cars comme on les appelle]. Il ne peut s’en passer.

« Ce qui me rend amoureux de l’automobile, indique-t-il, je ne le trouve pas dans la voiture électrique. Par contre, il faut évoluer. Nous, les dinosaures [ce mot reviendra souvent dans notre discussion], on va finir par disparaîtr­e.

« Peut-être que mon fils le plus jeune, âgé de dix ans, qui n’aura jamais vécu cette odeur de l’essence et le bruit des moteurs à 12 cylindres, acceptera de rouler en véhicule électrique. Moi je ne suis pas rendu là et probableme­nt jamais de mon vivant. »

PAR CURIOSITÉ

Barrette, le puriste, n’assistera pas au ePrix de Montréal, la semaine prochaine, car il est retenu à l’étranger.

« La Formule électrique, dit-il, c’est intriguant. Ça reste une course et du pilotage à haut niveau. Les voitures roulent vite, mais il va toujours me manquer le bruit et l’odeur. »

« Malheureus­ement, je ne pourrais y assister à Montréal la semaine prochaine, avouet-il. Je vais donner des spectacles aux ÉtatsUnis. Sans cet empêchemen­t, j’y serais allé par curiosité, pas par passion. Je mentirais si c’était le cas. »

« J’aurais aimé voir si, sur place, j’avais le même niveau d’adrénaline que pour une course de F1. »

Barrette a visionné quelques courses de Formule électrique pour constater la sonorité un peu étrange que les bolides dégagent…

« Quand je les ai entendues, je pensais que c’étaient les haut-parleurs de ma télé qui faisaient défaut, souligne-t-il, sourire en coin. Pour moi, le bruit fait partie de la course. C’est une marque de commerce.

« C’est comme une Harley-Davidson. Elle dégage un bruit unique. C’est pour ça qu’on veut rouler dans ce type de moto. Comme un gros bloc Chevrolet ou ces monstres de la série Can-Am qui venaient courir, dans les années 1970 au Circuit Mont-Tremblant. Rien ne viendra les remplacer. »

CE N’EST QUE PARTIE REMISE

Avant de décrier la Formule électrique, Barrette veut d’abord assister à une course. Ce n’est que partie remise.

« Il y a quelque chose de viscéral dans un moteur à combustion, raconte-t-il. Quand tu vois sortir du feu dans le tuyau d’échappemen­t, tu te dis qu’il y a un… moteur là-dedans.

« Mais bon, je ne veux pas planter la Formule électrique, parce que c’est une évolution normale, mais c’est dur d’émettre une opinion sans avoir vu les bolides rouler sur place. »

 ?? PHOTO AGENCE QMI, DARIO AYALA ?? Michel Barrette et deux de ses fils, Nicolas et Martin, vont s’affronter au Grand Prix de Trois-Rivières dans quelques semaines.
PHOTO AGENCE QMI, DARIO AYALA Michel Barrette et deux de ses fils, Nicolas et Martin, vont s’affronter au Grand Prix de Trois-Rivières dans quelques semaines.

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