Le gouvernement encore loin de son objectif
Québec veut multiplier par sept le nombre de véhicules électriques sur les routes d’ici trois ans, mais ne s’en donne pas les moyens, préviennent écologistes et constructeurs automobiles.
« Les prévisions du gouvernement sont très jovialistes. Les chiffres montrent qu’on est très loin de l’objectif », note Bertrand Schepper, chercheur spécialisé en transports à l’Institut de recherche et d’informations socioéconomiques (IRIS).
PAS ASSEZ DE BORNES
L’Association du véhicule électrique du Québec (AVEQ) indique que 14 390 véhicules électriques circulent actuellement sur les routes de la province. Or, le gouvernement estime qu’il y en aura 100000 en 2020, grâce à sa politique incitative (loi 104).
Pour la Corporation des concessionnaires automobiles du Québec (CCAQ), les cibles « sont manifestement inatteignables dans les délais prévus ». Les concessionnaires sont nerveux, car la loi 104 leur imposera des quotas de vente de véhicules électriques sous peine de devoir payer des redevances à l’État.
Pour les Constructeurs mondiaux d’automobiles du Canada, « Québec ne peut pas atteindre ces objectifs sans
« NOS MEMBRES SONT EN FILE D’ATTENTE AUX BORNES DE RECHARGE » – Simon-Pierre Rioux, président de l’AVEQ
accélérer dramatiquement tant les investissements que le déploiement d’infrastructures de recharge pour les VZE (véhicules zéro émission) », dit le président de l’organisme David Adams.
Selon l’AVEQ, le réseau de bornes de recharge est d’ores et déjà problématique.
« Nos membres sont en file d’attente aux bornes de recharge », indique Simon-Pierre Rioux, président de l’association.
Dans son analyse des coûts et bénéfices de sa politique récemment publiée, Québec estime de son côté qu’en forçant les concessionnaires à augmenter l’offre de véhicules électriques, la demande des consommateurs augmentera et fera naître un marché pour l’industrie de la fabrication, de la commercialisation et de l’installation des bornes de recharge.
BONUS-MALUS
« Je ne pense pas qu’obliger les concessionnaires à tenir des pourcentages de ventes de véhicules électriques change vraiment les choses, commente M. Schepper. C’est un changement de culture que ça prend, donc un cocktail de mesures. »
Pour Patrick Bonin, de Greenpeace, Québec devrait adopter un système de bonus-malus, c’est-à-dire des rabais pour ceux qui roulent vert et une surtaxe pour les pollueurs.