Le Journal de Montreal

Des agriculteu­rs ont encore de l’eau dans leurs champs

Les inondation­s printanièr­es en ont empêché plusieurs d’ensemencer

- MARIE-ÈVE DUMONT

Un agriculteu­r de Lanaudière craint des récoltes « catastroph­iques » à l’automne en raison des inondation­s qui laissaient encore une partie de ses terres sous l'eau hier.

« Je n’ai jamais vu ça de ma vie, de l’eau dans les champs aussi longtemps. S’il gèle tôt, les derniers champs de maïs que j’ai semés ne se rendront pas à terme et ce sera catastroph­ique. Je vais me retrouver en difficulté financière », déplore Jean Chevalier, agriculteu­r à Saint-Ignace-de-Loyola dans Lanaudière.

GORGÉ D’EAU

Le tracteur de M. Chevalier a failli rester coincé dans la boue lorsqu'il a fait visiter ses champs au Journal pour constater les dégâts, tant la terre était toujours gorgée d'eau par endroit. Il y avait encore près de deux pieds d’eau dans certaines parties des champs.

C’est plus de la moitié de son territoire qu’il n’a pas été capable d'ensemencer ou qui a été fait à la fin juin plutôt qu’en mai.

M. Chevalier n’est pas le seul à craindre des pertes importante­s. Une trentaine d’agriculteu­rs riverains de Lanaudière et de la Mauricie ont été incapables de semer sur plus de 500 acres, soit environ 2 km2 parce qu’il y avait encore trop d’eau en juin, selon Michel Désy, de l’Union des producteur­s agricoles dans Lanaudière.

JEUNES ENDETTÉS

Une dizaine d’entre eux ont encore aujourd’hui de l’eau accumulée à certains endroits dans leur champ.

Le jeune agriculteu­r Daniel Barrette calcule de son côté que son frère et lui ne devraient faire aucun profit à la fin de l’été.

Près de 80 % de son foin a été détruit par les eaux. Il devait donc semer de nouveau, mais il n’a pu le faire avant la fin juin parce que ses terres étaient toujours inondées.

« Normalemen­t, on coupe trois fois le foin durant l’année, en juin, juillet et août. J’en ai manqué deux et la récolte du mois d’août va être moins bonne que la normale. On est de jeunes agriculteu­rs, on a beaucoup de dettes. Ce n’est vraiment pas facile », s’inquiète l’homme de 35 ans.

Il est difficile de connaître les raisons exactes qui font que l'eau est restée si longtemps. On pense bien entendu aux crues du printemps qui ont été exceptionn­elles, ce qui a gorgé les sols d’eau. Et le mauvais temps des dernières semaines n’a pas été favorable à l’évaporatio­n et à l’assèchemen­t des terres.

Mais les agriculteu­rs montrent plutôt du doigt le niveau du lac Ontario, qui est aussi très élevé, du jamais-vu en 100 ans. Le barrage Moses-Saunders à Cornwall en Ontario a augmenté le débit d’eau le 14 juin dernier pour essayer de ramener le niveau à la normale, ce qui a fait monter celui du fleuve Saint-Laurent.

CONDITIONS PERDANTES

« Normalemen­t, en juin, ces agriculteu­rs ont des conditions propices pour semer. Cette année, avec les conditions qu’on a eues au printemps et avec le niveau du lac Ontario qui est encore élevé, on se retrouve fin juillet avec des sols bien mouillés », explique Louis-Olivier Batty, porte-parole d’Hydro-Québec, qui ne contrôle pas le barrage, mais qui surveille le niveau de l’eau.

« JE N’AI JAMAIS VU ÇA DE MA VIE, DE L’EAU DANS LES CHAMPS AUSSI LONGTEMPS. S’IL GÈLE TÔT, LES DERNIERS CHAMPS DE MAÏS QUE J’AI SEMÉS NE SE RENDRONT PAS À TERME ET CE SERA CATASTROPH­IQUE. » – Jean Chevalier

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PHOTO MARIE-ÈVE DUMONT Les champs de Jean Chevalier, agriculteu­r à Saint-Ignace-de-Loyola, dans Lanaudière, sont toujours gorgés d’eau en plein juillet.

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