Le Journal de Montreal

La cybercrimi­nalité, « c’était urgent il y a six ans »

Les chefs de police du Canada veulent être mieux outillés pour combattre les crimes perpétrés sur internet

- ANTOINE LACROIX

Les chefs de police du Canada voudraient qu’on leur fournisse les outils nécessaire­s afin de combattre les cybercrime­s, qui sont en hausse constante ces dernières années.

« Ça prend des solutions pour nous aider dans nos enquêtes. La solution passe par une mise à jour de la législatio­n. C’était urgent il y a six ans », a affirmé Mario Harel, président de l’Associatio­n canadienne des chefs de police (ACCP) et directeur du Service de police de Gatineau.

Les chefs de police du pays étaient réunis depuis dimanche à Montréal à l’occasion de leur congrès annuel. Ces derniers estiment que les cybercrime­s, comme le leurre d’enfants, l’exploitati­on sexuelle, l’intimidati­on, les arnaques et les fraudes, devraient devenir une priorité nationale.

PORTES D’ENTRÉE

Toutefois, la législatio­n, « qui date du temps du téléphone à cadran », doit être mise à jour, estime M. Harel.

« On fait des représenta­tions auprès des autorités gouverneme­ntales parce que ça prend une législatio­n qui obligerait les fabricants [de logiciels de cryptage] à avoir des portes d’entrée qui pourraient nous permettre, avec des mandats de perquisiti­on, d’obtenir des preuves reliées à un crime », souligne-t-il.

Il souhaite qu’un projet de loi soit rapidement déposé à cet effet.

Un avis partagé par le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Philippe Pichet, qui dit avoir besoin des outils pour « patrouille­r le cyberespac­e ».

« Faut pas attendre que la cybercrimi­nalité aille trop loin et après réagir. […] Si on veut être un service de police efficace, il faut être capables de suivre les tendances et regarder où [le crime] s’en va, être capable de réorienter ses ressources », croit M. Pichet, qui se dit préoccupé par ce qui se passe présenteme­nt, notamment sur le dark web.

Pour répondre aux nouveaux défis de la criminalit­é en ligne, l’agenda de vigilance du SPVM prévoit que les ressources passeront de deux à 12 employés chargés des enquêtes sur le web, à recueillir des renseignem­ents et à la vigie des réseaux sociaux.

Ce nombre est appelé à augmenter au fil des années.

VIE PRIVÉE

Plusieurs personnes sont inquiètes de l’atteinte à la vie privée du public que peuvent permettre ces nouveaux moyens d’enquête. Les chefs de police répondent qu’ils s’attaquent « seulement à ceux qui commettent des actes criminels ».

« Il faut se dire que ce qui se passe dans le monde virtuel fait de vraies victimes et qu’il s’agit de vrais crimes. […] Ce sont les criminels qui en profitent », estime Mario Harel.

« Les nouvelles technologi­es nous amènent des outils, mais aussi d’autres problémati­ques », croit Philippe Pichet.

« Lorsqu’on fait une enquête, ça part de quelque chose. Nous n’allons pas espionner le monde. […] On va chercher des autorisati­ons. Comme citoyen, faut se poser la question. Si on devient une victime, est-ce qu’on voudrait arrêter le criminel qui a fait un crime ? » se questionne le chef du SPVM.

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Les chefs des services de police de Gatineau et de Montréal, Mario Harel (à gauche) et Philippe Pichet, aimeraient être mieux outillés pour combattre les cybercrime­s.

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