La cybercriminalité, « c’était urgent il y a six ans »
Les chefs de police du Canada veulent être mieux outillés pour combattre les crimes perpétrés sur internet
Les chefs de police du Canada voudraient qu’on leur fournisse les outils nécessaires afin de combattre les cybercrimes, qui sont en hausse constante ces dernières années.
« Ça prend des solutions pour nous aider dans nos enquêtes. La solution passe par une mise à jour de la législation. C’était urgent il y a six ans », a affirmé Mario Harel, président de l’Association canadienne des chefs de police (ACCP) et directeur du Service de police de Gatineau.
Les chefs de police du pays étaient réunis depuis dimanche à Montréal à l’occasion de leur congrès annuel. Ces derniers estiment que les cybercrimes, comme le leurre d’enfants, l’exploitation sexuelle, l’intimidation, les arnaques et les fraudes, devraient devenir une priorité nationale.
PORTES D’ENTRÉE
Toutefois, la législation, « qui date du temps du téléphone à cadran », doit être mise à jour, estime M. Harel.
« On fait des représentations auprès des autorités gouvernementales parce que ça prend une législation qui obligerait les fabricants [de logiciels de cryptage] à avoir des portes d’entrée qui pourraient nous permettre, avec des mandats de perquisition, d’obtenir des preuves reliées à un crime », souligne-t-il.
Il souhaite qu’un projet de loi soit rapidement déposé à cet effet.
Un avis partagé par le directeur du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), Philippe Pichet, qui dit avoir besoin des outils pour « patrouiller le cyberespace ».
« Faut pas attendre que la cybercriminalité aille trop loin et après réagir. […] Si on veut être un service de police efficace, il faut être capables de suivre les tendances et regarder où [le crime] s’en va, être capable de réorienter ses ressources », croit M. Pichet, qui se dit préoccupé par ce qui se passe présentement, notamment sur le dark web.
Pour répondre aux nouveaux défis de la criminalité en ligne, l’agenda de vigilance du SPVM prévoit que les ressources passeront de deux à 12 employés chargés des enquêtes sur le web, à recueillir des renseignements et à la vigie des réseaux sociaux.
Ce nombre est appelé à augmenter au fil des années.
VIE PRIVÉE
Plusieurs personnes sont inquiètes de l’atteinte à la vie privée du public que peuvent permettre ces nouveaux moyens d’enquête. Les chefs de police répondent qu’ils s’attaquent « seulement à ceux qui commettent des actes criminels ».
« Il faut se dire que ce qui se passe dans le monde virtuel fait de vraies victimes et qu’il s’agit de vrais crimes. […] Ce sont les criminels qui en profitent », estime Mario Harel.
« Les nouvelles technologies nous amènent des outils, mais aussi d’autres problématiques », croit Philippe Pichet.
« Lorsqu’on fait une enquête, ça part de quelque chose. Nous n’allons pas espionner le monde. […] On va chercher des autorisations. Comme citoyen, faut se poser la question. Si on devient une victime, est-ce qu’on voudrait arrêter le criminel qui a fait un crime ? » se questionne le chef du SPVM.