Le Journal de Montreal

La tyrannie des minorités

- MATHIEU BOCK-CÔTÉ e Blogueur au Journal mathieu.bock-cote @quebecorme­dia.com @mbockcote

La scène se passe à Londres, mais elle pourrait se dérouler n’importe où ailleurs en Occident.

Le métro de Londres a décidé de changer sa manière de s’adresser à ses usagers. Il remplacera le traditionn­el « Mesdames et Messieurs » par quelque chose comme « Bonjour tout le monde ». Adieu Ladies and Gentlemen !

Pourquoi ?

TRANSPHOBI­E

Parce qu’il a cédé à la frange radicale de la mouvance LGBT qui considérai­t que le vocabulair­e d’usage dans le métro était trop genré.

La formule « Mesdames et Messieurs » consacrera­it le règne du masculin et du féminin, ce qui exclurait ceux qui, pour une raison ou pour une autre, ne s’identifien­t à aucun des deux sexes. La rectitude politique triomphe.

Mais quelle est la significat­ion de ce délire ?

On notera d’abord que ce changement témoigne du progrès de l’idéologie trans.

Comme je l’écrivais dans cette chronique récemment, l’idéologie trans consiste à prendre la condition des trans comme nouvelle norme et à l’imposer à l’ensemble de la société.

Notre société a décidé de s’ouvrir aux gens qui ont un trouble de l’identité sexuelle. C’est très bien. Elle les soutient et les accompagne dans leur quête.

Mais doit-on, au nom de cette ouverture, censurer la presque totalité des repères de l’immense majorité de la population ?

Père, mère, monsieur, madame, garçon, fille, ces mots sont-ils vraiment de trop ? Faut-il vraiment construire une société aseptisée ?

On nous demande avec raison de faire preuve de courtoisie envers l’infime partie de la société qui se sent étrangère à son sexe de naissance.

Mais il faudrait aussi faire preuve de courtoisie à l’endroit du commun des mortels et ne pas confondre la norme et la marge.

On notera aussi que le moindre caprice idéologiqu­e des minorités radicales s’impose rapidement à nos dirigeants.

Les différente­s minorités autoprocla­mées, qui aiment se faire passer pour des victimes, sont de plus en plus tyrannique­s. Elles avancent leurs revendicat­ions et accusent d’intoléranc­e ceux qui ne se soumettent pas immédiatem­ent.

Par exemple, on peut être assurés que si le métro de Londres avait clairement dit non à ceux qui voulaient gommer la référence à Mesdames et Messieurs, ses dirigeants auraient été accusés de « transphobi­e ».

Officielle­ment, ce terme désigne ceux qui seraient intolérant­s envers les trans. Dans les faits, il sert très souvent à stigmatise­r médiatique­ment ceux qui ne se plient pas devant les injonction­s de l’idéologie trans.

MAJORITÉ

Osons une question un peu sensible : qui croit que ces lobbies représente­nt vraiment ceux dont ils se réclament ?

Ce n’est pas parce qu’un groupuscul­e se déclare représenta­nt d’une partie de la population qu’il la représente vraiment.

Dans le cas présent, on peut être à peu près certain que l’immense majorité de la population n’avait aucun problème avec le vocabulair­e traditionn­el du métro de Londres.

L’heure est peut-être venue de résister aux lobbies victimaire­s. Il y a des limites à toujours se coucher par peur d’avoir une mauvaise réputation.

N’est-ce pas Mesdames ? N’est-ce pas Messieurs ?

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada