Les PME ne pourront plus utiliser leur famille
Bill Morneau veut remettre à plat les règles fiscales pour éviter la fraude
Fini les économies d’impôt faites sur le dos des enfants au détriment des autres contribuables, envoie comme message le ministre des Finances, Bill Morneau, qui espère récupérer 250 M$ par année en abolissant certaines échappatoires qu’utilisent les gens d’affaires pour payer moins d’impôt.
« De nombreux Canadiens qui comptent parmi les plus riches exploitent de manière injuste les règles fiscales qui ont été conçues pour permettre aux entreprises de prospérer », a déclaré le ministre des Finances Bill Morneau, mardi.
M. Morneau va même plus loin, allant jusqu’à affirmer que les avantages fiscaux pour aider les entreprises à réinvestir des capitaux et à prendre de l’expansion doivent être utilisés à cette fin et non « pour accorder des avantages fiscaux injustes à certains particuliers, qui sont souvent des personnes à revenu élevé ».
MÉCONNAISSANCE DES PME
Un entrepreneur de la construction de la région de Montréal, qui a exigé l’anonymat pour témoigner, a bien peur de devoir mettre à la porte la moitié de ses employés ou même carrément fermer ses portes si les mesures du ministre sont adoptées.
« Nous prenons des risques. Nous détruisons notre santé. Nous travaillons 70heures/semaine, sans congés de maladie... ni fonds de pension », s’est désolé le dirigeant, de plus en plus écrasé par la paperasse du gouvernement.
Selon lui, la population n’a aucune idée à quel point il est difficile de réussir à faire des profits dans le milieu des affaires. « Ça m’a pris près de 15 ans avant d’être capable de me verser un salaire annuel décent de 75 000 $ », a-t-il laissé tomber.
La fiscaliste et professeure à l’Université de Sherbrooke, Marwah Rizqy, craint que ces nouvelles mesures découragent l’entrepreneuriat au Québec.
« Si ça coûte plus cher de vendre son entreprise à ses enfants que de la vendre à des étrangers, je ne suis pas certaine que ce soit une bonne chose à faire », a-t-elle insisté.
« INCERTITUDES »
« Cette réforme fiscale risque de créer des incertitudes au moment même où les PME ont besoin que leurs gouvernements les rassurent », a résumé Simon Gaudreault, directeur des affaires économiques à la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante.
Pour Luc Godbout, fiscaliste, professeur en fiscalité et en finances publiques à l’Université de Sherbrooke, certains changements proposés sont acceptables, alors que d’autres risquent de donner du fil à retordre aux fiscalistes.