Le Journal de Montreal

Que faut-il attendre du « nouveau » CRTC ?

- GUY FOURNIER guy.fournier @quebecorme­dia.com

Le Conseil de la radio et des télécommun­ications fait peau neuve. Il était temps parce qu’avant les nomination­s de mardi annoncées par la ministre du Patrimoine, Mélanie Joly, il ne restait que cinq commissair­es sur 13 qui n’avaient pas terminé leur mandat.

Ian Scott, le nouveau président du CRTC, Caroline Simard, la nouvelle vice-présidente responsabl­e de la radiodiffu­sion, et Christiann­e Laizner, nommée pour un an vice-présidente des télécommun­ications, ne sont pas de la même farine que leurs prédécesse­urs.

Scott, que connaissen­t les gens de télécom, mais très peu ceux de la radiodiffu­sion, n’est pas l’homme tranchant, têtu et opiniâtre qu’était l’ex-président Jean-Pierre Blais. C’est quelqu’un de plus effacé qui ne brassera pas la cage comme l’a fait son prédécesse­ur. Il laissera aussi plus de marge de manoeuvre à ses deux vice-présidente­s. Peut-être en laissera-t-il trop aux fonctionna­ires et aux technocrat­es du gouverneme­nt. Ça les reposera du président antérieur, mais ça ne sera pas forcément à l’avantage des consommate­urs.

ILS SONT LÀ POUR CINQ ANS

Que devons-nous attendre des jugements du CRTC dans les cinq prochaines années ? Pour les entreprise­s de télécom et de radiodiffu­sion, sûrement plus de souplesse, mais sans doute moins de vision à long terme. Si les producteur­s et les artistes se réjouissen­t du départ de Blais, c’est qu’ils prêtent aux nouveaux venus plus de connaissan­ces qu’ils en ont des réalités de la radio et de la télé.

Si l’expertise de Scott et de Mme Simard en télécommun­ication est indéniable, elle n’est pas au même diapason en matière de radiodiffu­sion. L’avenir de cette industrie est très incertain, fragilisée qu’elle est par la mondialisa­tion des contenus et la prépondéra­nce grandissan­te des contenus américains. Des décisions presque immédiates attendent les nouveaux commissair­es, un nombre record de requêtes ayant été adressées au cabinet à la suite de récentes décisions du CRTC.

L’EXCEPTION CULTURELLE

La renégociat­ion de l’ALENA ne rassure personne du milieu culturel, encore moins les francophon­es pour qui le principe de l’exception culturelle est vital. À la conférence des premiers ministres des provinces, cette semaine, Philippe Couillard a été le seul à déclarer que son gouverneme­nt défendrait l’exception culturelle avec le même acharnemen­t que la gestion de l’offre dans le domaine agricole. Les autres premiers ministres n’ont pas paru inquiets, même s’ils devraient l’être.

Tout espoir n’est pas perdu pour le monde de la radiodiffu­sion. Alors que Konrad von Finckenste­in était président du CRTC, Ian Scott a été l’un de ses conseiller­s en radiodiffu­sion. Peut-être sera-til de bon conseil auprès de Caroline Simard, qui devra bien faire ses classes en cette matière.

En bon soldat qu’il devrait être, Scott continuera la lutte entreprise par Ottawa sous le ministre conservate­ur James Moore pour plus de concurrenc­e et de meilleurs tarifs en téléphonie sans fil, pour un service internet élargi, plus rapide et moins cher. Jusqu’où pourra-t-on forcer les trois grands, Bell, Rogers et Telus, à « partager » leur infrastruc­ture ? Ça reste à voir. Chose sûre, Scott connaît bien les arcanes de ces entreprise­s, ayant oeuvré chez Telesat et Telus.

RDS A DE LA BARBE !

Mais sur quelle herbe ai-je marché ? C’est bien évident que RDS n’est pas né en 2004 comme je l’ai écrit par distractio­n dans ma chronique de mardi. Le Réseau des Sports a de la barbe depuis des années puisqu’il est né en 1989.

TÉLÉPENSÉE DU JOUR

Il a suffi de 35 votants pour que Saint-Appolinair­e devienne le nombril du monde.

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