Le Journal de Montreal

Un ex-infirmier nie avoir eu des inconduite­s sexuelles

Il soutient que les patientes hospitalis­ées en psychiatri­e n’ont pas de preuve

- HÉLOÏSE ARCHAMBAUL­T heloise.archambaul­t@quebecorme­dia.com 514.599.5888 8038

Un ex-infirmier de Montréal accusé d’inconduite sexuelle auprès de six patientes suivies en psychiatri­e nie formelleme­nt les accusation­s déposées contre lui, et plaide que les femmes n’ont aucune preuve que des gestes déplacés ont été commis.

« Je nie catégoriqu­ement ces accusation­s et ces faits-là. C’est leur parole contre la mienne. Elles n’ont aucune preuve physique et matérielle pour prouver leurs dires », a témoigné Marouane Jerraf devant l’Ordre des infirmière­s et des infirmiers du Québec (OIIQ), hier.

Mercredi, l’ex-infirmier a plaidé non coupable aux six chefs d’infraction d’inconduite sexuelle déposés contre lui par l’OIIQ. Les faits reprochés se seraient produits entre 2012 et 2016, auprès de six patientes hospitalis­ées en psychiatri­e à l’hôpital Notre-Dame (CHUM) et au pavillon Albert-Prévost, à Montréal.

On l’accuse notamment d’avoir eu des relations sexuelles avec quatre patientes, dont certaines à plusieurs reprises, et d’en avoir embrassé une autre. À noter que toutes ces femmes dans la vingtaine et la trentaine ont été soignées par M. Jerraf à un certain moment.

Depuis novembre dernier, M. Jerraf ne peut plus pratiquer la profession puisqu’il est radié de façon provisoire par l’OIIQ. Une mesure urgente mise en place pour protéger le public.

« Toutes les relations ont eu lieu dans la chambre de [la patiente]. Les relations étaient silencieus­es, l’intimé [M. Jerraf] lui demandait de ne pas faire de bruit », relatait un jugement du Conseil de discipline en novembre dernier, à propos d’une patiente.

L’homme qui n’est pas représenté par un avocat, a souligné hier que les patientes ont toutes des dossiers psychiatri­ques et ont été hospitalis­ées. L’une d’elles était même « connue pour ce genre de plainte », a-t-il indiqué.

PAS DE TÉMOIN

Par ailleurs, il remet en doute le témoignage des autres profession­nels impliqués dans le dossier.

« Ils sont aussi tous [basés sur) des impression­s. Aucun témoin oculaire n’a vu que j’ai posé des gestes à caractère sexuel sur des patientes », a-t-il ajouté.

Au total, une vingtaine de témoignage­s ont été déposés en preuve par le syndic de l’OIIQ.

Concernant un chef qui l’accuse d’avoir embrassé une patiente dans une toilette du pavillon Albert-Prévost, en octobre 2014, M. Jerraf assure que l’histoire est non fondée.

« J’étais à côté de l’ancien fumoir avec la patiente. On discutait. La patiente est allée dans la salle de bain. J’ai eu envie d’uriner, j’ai utilisé une autre salle de bain », dit-il.

Contre-interrogé par le syndic, M. Jerraf a toutefois confirmé qu’il avait avoué avoir embrassé cette patiente, lors d’un test polygraphi­que en 2015. À noter que ce test était relié à une histoire d’une autre patiente qui l’accusait de harcèlemen­t sexuel.

« J’ai dit que je l’avais embrassée, mais je voulais dire qu’elle a essayé de m’embrasser et je l’ai repoussée », a-t-il précisé hier.

CONFUSION

« J’étais confus. J’ai répondu que je me suis retrouvé dans les toilettes avec la patiente, mais ce n’est pas vrai, je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. »

Hier, l’avocat du syndic a souligné que M. Jerraf avait été mis en garde dans les deux hôpitaux concernés de ne pas se retrouver seul avec une patiente dans une chambre fermée.

Les deux hôpitaux ont mis fin au lien d’emploi de l’ex-infirmier, en 2015 pour le pavillon Albert-Prévost, et 2016 pour le CHUM.

Les plaidoirie­s se déroulent aujourd’hui.

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PHOTO CHANTAL POIRIER L’ex-infirmier Marouane Jerraf a témoigné hier que les patientes qui allèguent des relations sexuelles n’ont pas de preuve, et nie les six chefs d’infraction.

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