Un ex-infirmier nie avoir eu des inconduites sexuelles
Il soutient que les patientes hospitalisées en psychiatrie n’ont pas de preuve
Un ex-infirmier de Montréal accusé d’inconduite sexuelle auprès de six patientes suivies en psychiatrie nie formellement les accusations déposées contre lui, et plaide que les femmes n’ont aucune preuve que des gestes déplacés ont été commis.
« Je nie catégoriquement ces accusations et ces faits-là. C’est leur parole contre la mienne. Elles n’ont aucune preuve physique et matérielle pour prouver leurs dires », a témoigné Marouane Jerraf devant l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ), hier.
Mercredi, l’ex-infirmier a plaidé non coupable aux six chefs d’infraction d’inconduite sexuelle déposés contre lui par l’OIIQ. Les faits reprochés se seraient produits entre 2012 et 2016, auprès de six patientes hospitalisées en psychiatrie à l’hôpital Notre-Dame (CHUM) et au pavillon Albert-Prévost, à Montréal.
On l’accuse notamment d’avoir eu des relations sexuelles avec quatre patientes, dont certaines à plusieurs reprises, et d’en avoir embrassé une autre. À noter que toutes ces femmes dans la vingtaine et la trentaine ont été soignées par M. Jerraf à un certain moment.
Depuis novembre dernier, M. Jerraf ne peut plus pratiquer la profession puisqu’il est radié de façon provisoire par l’OIIQ. Une mesure urgente mise en place pour protéger le public.
« Toutes les relations ont eu lieu dans la chambre de [la patiente]. Les relations étaient silencieuses, l’intimé [M. Jerraf] lui demandait de ne pas faire de bruit », relatait un jugement du Conseil de discipline en novembre dernier, à propos d’une patiente.
L’homme qui n’est pas représenté par un avocat, a souligné hier que les patientes ont toutes des dossiers psychiatriques et ont été hospitalisées. L’une d’elles était même « connue pour ce genre de plainte », a-t-il indiqué.
PAS DE TÉMOIN
Par ailleurs, il remet en doute le témoignage des autres professionnels impliqués dans le dossier.
« Ils sont aussi tous [basés sur) des impressions. Aucun témoin oculaire n’a vu que j’ai posé des gestes à caractère sexuel sur des patientes », a-t-il ajouté.
Au total, une vingtaine de témoignages ont été déposés en preuve par le syndic de l’OIIQ.
Concernant un chef qui l’accuse d’avoir embrassé une patiente dans une toilette du pavillon Albert-Prévost, en octobre 2014, M. Jerraf assure que l’histoire est non fondée.
« J’étais à côté de l’ancien fumoir avec la patiente. On discutait. La patiente est allée dans la salle de bain. J’ai eu envie d’uriner, j’ai utilisé une autre salle de bain », dit-il.
Contre-interrogé par le syndic, M. Jerraf a toutefois confirmé qu’il avait avoué avoir embrassé cette patiente, lors d’un test polygraphique en 2015. À noter que ce test était relié à une histoire d’une autre patiente qui l’accusait de harcèlement sexuel.
« J’ai dit que je l’avais embrassée, mais je voulais dire qu’elle a essayé de m’embrasser et je l’ai repoussée », a-t-il précisé hier.
CONFUSION
« J’étais confus. J’ai répondu que je me suis retrouvé dans les toilettes avec la patiente, mais ce n’est pas vrai, je ne sais pas pourquoi j’ai dit ça. »
Hier, l’avocat du syndic a souligné que M. Jerraf avait été mis en garde dans les deux hôpitaux concernés de ne pas se retrouver seul avec une patiente dans une chambre fermée.
Les deux hôpitaux ont mis fin au lien d’emploi de l’ex-infirmier, en 2015 pour le pavillon Albert-Prévost, et 2016 pour le CHUM.
Les plaidoiries se déroulent aujourd’hui.