Le Journal de Montreal

L’ex-matricule 728 rigole pendant son audience

Un cycliste arrêté par Stéfanie Trudeau en 2012 l’a trouvée agressive et vulgaire

- HUGO DUCHAINE

L’ex-matricule 728 a rigolé plus d’une fois hier quand un cycliste qu’elle a arrêté il y a cinq ans a dénoncé devant le Comité de déontologi­e policière son attitude agressive et vulgaire.

Selon Christian Morissette, l’ex-policière Stéfanie Trudeau « cherchait le trouble » la nuit du 20 mai 2012 quand elle aurait blessé, insulté et menacé le Montréalai­s Julian Menezes, qui est à l’origine de la plainte contre elle.

Mme Trudeau est accusée d’avoir tenu des propos injurieux fondés sur l’origine ethnique, d’avoir utilisé une force excessive et d’avoir détenu illégaleme­nt M. Menezes. Après avoir plaidé coupable l’an passé, elle a retiré son plaidoyer.

M. Morissette est le cycliste interpellé quelques minutes avant dans le Plateau-Mont-Royal par Stéfanie Trudeau et son collègue Constantin­os Samaras parce qu’il n’avait pas de phare à l’avant de son vélo.

Arrêté à un feu rouge à la droite de l’autopatrou­ille des deux agents du SPVM, le cycliste leur a montré du doigt une voiture qui venait de tourner à gauche sur un feu rouge un peu plus loin.

Les policiers lui ont plutôt fait remarquer son phare manquant et lui auraient dit que « quand on est un carré rouge, on ferme sa gueule et on rentre chez nous », a-t-il témoigné. Il portait le symbole de la grève étudiante sur la bandoulièr­e de son sac.

PÉDALES DANS LES MOLLETS

Les deux agents seraient ensuite sortis du véhicule et auraient tiré sur le vélo de M. Morissette, qui a senti les pédales lui rentrer avec douleur dans les mollets. Cette remarque a valu un premier sourire de Mme Trudeau, présente à l’audience.

Stéfanie Trudeau, alors à quelques millimètre­s de son visage, lui aurait dit qu’il « avait une face de baveux ». M. Morissette lui aurait dit de lui donner une contravent­ion, qu’il « ne voulait pas de trouble ».

L’ex-matricule 728 serait alors devenue respectueu­se et serait retournée dans l’autopatrou­ille.

C’est là que le cycliste a été approché par M. Menezes, sa conjointe Judith Sribnai et leur amie Lisa Blake. Ils trouvaient qu’il semblait effrayé et voulaient lui servir de témoins, car il leur a dit qu’il se sentait ciblé à cause de son carré rouge.

Mais Christian Morissette leur aurait plutôt dit de partir, répétant que selon lui, l’ex-policière « cherchait le trouble ». En l’écoutant, cette dernière lui a lancé des regards exaspérés.

Le Montréalai­s a raconté comment il a vu M. Menezes être jeté au sol, puis menotté par l’ex-matricule 728. Il a ensuite dit avoir vu l’autopatrou­ille partir à une « vitesse dangereuse et non justifiée » pour une rue du Plateau-Mont-Royal, ce qui a à nouveau fait sourire l’ex-policière.

Christian Morissette, qui a payé sa contravent­ion, croit que son arrestatio­n aurait plutôt pu servir d’occasion de faire de l’éducation populaire, quand l’ex-policière s’est fait demander quels étaient les règlements sur les phares de vélo.

Encore une fois, Stéfanie Trudeau n’a pas pu retenir son sourire devant le témoin.

Hier, Lisa Blake et Judith Sribnai ont aussi donné leur version des faits de l’arrestatio­n de M. Menezes et raconté comment elles l’ont cherché dans deux stations de police quand les policiers sont partis avec lui sans explicatio­ns.

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PHOTO PIERRE-PAUL POULIN L’ex-policière Stéfanie Trudeau a écouté trois autres témoins raconter leur version des faits de l’arrestatio­n musclée de Julian Menezes, le 20 mai 2012.
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CHRISTIAN MORISSETTE Cycliste

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