Le Journal de Montreal

Le Nouveau-Brunswick a une longueur d’avance sur nous

La tordeuse des bourgeons de l’épinette pourrait provoquer une épidémie

- ALIX VILLENEUVE

RIMOUSKI | Les scientifiq­ues du gouverneme­nt fédéral croient qu’il est sans doute trop tard pour contrer la propagatio­n de la tordeuse des bourgeons de l’épinette au Québec et qu’il faut se préparer à une épidémie importante.

La progressio­n de l’insecte qui risque de causer la mort de milliers de conifères dans les forêts du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, de la Côte-Nord, de l’Abitibi et du Saguenay est spectacula­ire et même visible sur les radars météo, qui captent des milliers de papillons en migration.

Selon le chercheur à Ressources naturelles Canada Christian Hébert, le Québec attendrait trop longtemps avant d’intervenir, alors que le Nouveau-Brunswick fait davantage de prévention en épandant des pesticides dès que la province s’aperçoit qu’il y a des insectes à un endroit.

TROP TARD

« Au Québec, on attend que la nature finisse par agir. Mais au Nouveau-Brunswick, on veut éviter d’atteindre l’étape des dommages. Ils font donc un contrôle des population­s. Dès que les population­s augmentent quelque part, ils intervienn­ent », a dit M. Hébert.

Les scientifiq­ues tentent de mettre en place des techniques pour freiner la progressio­n de la tordeuse, mais admettent qu’il est peut-être déjà trop tard pour empêcher une infestatio­n comparable à celle survenue au début des années 1990.

HORMONES

C’est la Société de protection des forêts contre les insectes et les maladies (SOPFIM) qui effectue l’épandage d’insecticid­es par avion au Québec, mais elle ne couvre qu’un peu moins de 5 % du territoire forestier infesté.

Johanne Delisle, chercheuse à Ressources naturelles Canada, a bien tenté de retarder la progressio­n de la tordeuse grâce à des pièges à hormones qui désorienta­ient les papillons mâles et les empêchaien­t de se reproduire.

Elle est parvenue ainsi à protéger certaines zones de toute reproducti­on naturelle.

Cependant, son étude révèle que les migrations des papillons entre les régions ont mené à l’échec de cette initiative, qui serait trop coûteuse pour être utilisée à grande échelle.

MIGRATIONS EN CAUSE

La tordeuse peut former de véritables nuages, transporta­nt avec elle d’importante­s quantités d’oeufs. Les régions qui avaient initialeme­nt été contrôlées par les pièges hormonaux ont finalement été infestées.

L’équipe de scientifiq­ues assure que, malgré tout, ils sont mieux équipés pour combattre cet envahisseu­r forestier. Chaque nouvelle épidémie apporte son lot d’études qui serviront à combattre les suivantes.

« En 1975, on ne parlait même pas de migration parce qu’on ne savait pas d’où ils venaient ! » dit Christian Hébert.

« AU QUÉBEC, ON ATTEND QUE LA NATURE FINISSE PAR AGIR. MAIS AU NOUVEAU-BRUNSWICK, ON VEUT ÉVITER D’ATTEINDRE L’ÉTAPE DES DOMMAGES. » – Christian Hébert, chercheur

 ?? PHOTOS ALIX VILLENEUVE ?? Une nouvelle épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (en mortaise) fait des ravages au Québec. Un piège à hormones a désorienté les mâles et empêché la reproducti­on, mais cette technique ne peut pas être utilisée à grande échelle.
PHOTOS ALIX VILLENEUVE Une nouvelle épidémie de la tordeuse des bourgeons de l’épinette (en mortaise) fait des ravages au Québec. Un piège à hormones a désorienté les mâles et empêché la reproducti­on, mais cette technique ne peut pas être utilisée à grande échelle.

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