Le Nouveau-Brunswick a une longueur d’avance sur nous
La tordeuse des bourgeons de l’épinette pourrait provoquer une épidémie
RIMOUSKI | Les scientifiques du gouvernement fédéral croient qu’il est sans doute trop tard pour contrer la propagation de la tordeuse des bourgeons de l’épinette au Québec et qu’il faut se préparer à une épidémie importante.
La progression de l’insecte qui risque de causer la mort de milliers de conifères dans les forêts du Bas-Saint-Laurent, de la Gaspésie, de la Côte-Nord, de l’Abitibi et du Saguenay est spectaculaire et même visible sur les radars météo, qui captent des milliers de papillons en migration.
Selon le chercheur à Ressources naturelles Canada Christian Hébert, le Québec attendrait trop longtemps avant d’intervenir, alors que le Nouveau-Brunswick fait davantage de prévention en épandant des pesticides dès que la province s’aperçoit qu’il y a des insectes à un endroit.
TROP TARD
« Au Québec, on attend que la nature finisse par agir. Mais au Nouveau-Brunswick, on veut éviter d’atteindre l’étape des dommages. Ils font donc un contrôle des populations. Dès que les populations augmentent quelque part, ils interviennent », a dit M. Hébert.
Les scientifiques tentent de mettre en place des techniques pour freiner la progression de la tordeuse, mais admettent qu’il est peut-être déjà trop tard pour empêcher une infestation comparable à celle survenue au début des années 1990.
HORMONES
C’est la Société de protection des forêts contre les insectes et les maladies (SOPFIM) qui effectue l’épandage d’insecticides par avion au Québec, mais elle ne couvre qu’un peu moins de 5 % du territoire forestier infesté.
Johanne Delisle, chercheuse à Ressources naturelles Canada, a bien tenté de retarder la progression de la tordeuse grâce à des pièges à hormones qui désorientaient les papillons mâles et les empêchaient de se reproduire.
Elle est parvenue ainsi à protéger certaines zones de toute reproduction naturelle.
Cependant, son étude révèle que les migrations des papillons entre les régions ont mené à l’échec de cette initiative, qui serait trop coûteuse pour être utilisée à grande échelle.
MIGRATIONS EN CAUSE
La tordeuse peut former de véritables nuages, transportant avec elle d’importantes quantités d’oeufs. Les régions qui avaient initialement été contrôlées par les pièges hormonaux ont finalement été infestées.
L’équipe de scientifiques assure que, malgré tout, ils sont mieux équipés pour combattre cet envahisseur forestier. Chaque nouvelle épidémie apporte son lot d’études qui serviront à combattre les suivantes.
« En 1975, on ne parlait même pas de migration parce qu’on ne savait pas d’où ils venaient ! » dit Christian Hébert.
« AU QUÉBEC, ON ATTEND QUE LA NATURE FINISSE PAR AGIR. MAIS AU NOUVEAU-BRUNSWICK, ON VEUT ÉVITER D’ATTEINDRE L’ÉTAPE DES DOMMAGES. » – Christian Hébert, chercheur