Un dossier chaud
Donc, la Ligue nationale de hockey possède deux agendas.
Le premier, celui que prônent les propriétaires et Gary Bettman, consiste à un calendrier de matchs sans interruption en février 2018. Donc, pendant que les Jeux olympiques retiendront l’attention, la LNH poursuivra ses activités.
Le deuxième agenda, selon les rumeurs, veut que Bettman ait commandé un calendrier avec une interruption de trois semaines afin de permettre aux joueurs de participer aux Jeux de la Corée du Sud.
Est-ce une volte-face de la part des propriétaires ? Est-ce la crainte de voir les joueurs leur faire un pied de nez et de faire fi des contrats les liant à leurs entreprises ? On peut toujours spéculer.
Je serais toutefois étonné que Bettman et les propriétaires décident de revenir sur leur décision de couper court leur relation avec le Comité international olympique (CIO). Le litige, on le sait, repose sur l’utilisation des joueurs professionnels sans toutefois verser aux propriétaires un pourcentage important des revenus de la télé et de la vente des billets. Les affaires sont les affaires. Mais, on admettra que le dossier ne repose pas uniquement sur les affaires. Les joueurs ont toujours voulu représenter leur pays et en particulier dans le cadre de l’évènement le plus important du monde du hockey, c’est-à-dire le tournoi olympique. Il s’agit d’un incontournable pour la plupart des patineurs qualifiés. Ils le disent tout haut, ils veulent participer aux Jeux de la Corée du Sud. Ils ont adoré l’expérience olympique depuis leur première participation aux Jeux de Nagano, en 1998.
DES REVENUS STAGNENT
Par contre, la Ligue nationale voit ses revenus stagner alors que le basketball effectue une remontée spectaculaire chez les amateurs et ses revenus sont passés de 4.5 milliards $ à 7 milliards $ au cours des deux dernières années. Les jeunes ne se bousculent pas aux tourniquets des équipes de la LNH comparativement au basketball.
Aussi, les propriétaires du hockey professionnel voient très mal interrompre la saison à la mi-février, alors qu’ils possèdent une tribune plus élargie à cette période de l’année. Et, ils disent souvent qu’ils paient leurs actifs avec des millions et des millions de dollars, pourquoi alors ne pas capitaliser sur leur investissement?
A moins que la CIO ouvre ses coffres bien garnis pour compenser les pertes qu’entraine une trève de trois semaines, ce serait alors une solution pour que les propriétaires repensent leur décision. Il s’agit évidemment d’un débat qui soulève les discussions. Le basketball, un sport d’hiver, si on veut bien me prêter l’expression, possède le meilleur des deux mondes. Il s’agit d’un sport d’hiver comme je le précisais, mais il participe aux Jeux olympiques d’été. Croyez-vous sincèrement que la NBA cesserait ses activités pendant trois semaines pour s’inscrire aux Jeux olympiques d’hiver ?
Poser la question c’est y répondre.
UN ÉVÉNEMENT PRESTIGIEUX
Voilà pourquoi il s’agit d’un sujet très délicat. On peut comprendre la réaction des joueurs. Il n’y a pas un événement aussi prestigieux que le tournoi olympique. Plus prestigieux que la Coupe Stanley ? Je serais curieux de connaître les résultats d’un sondage sur la question, un sondage mené auprès des joueurs. Je suis persuadé que l’on aurait des surprises.
Cependant, les propriétaires signent les chèques. Ils comblent les joueurs avec des millions et des millions de dollars. Ils recherchent constamment un retour sur leur investissement. Or, pour eux, les Jeux olympiques ne s’inscrivent pas avec un crayon bleu dans le bilan de fin d’année. Au contraire, ils doivent encaisser des pertes. Ils versent des salaires faramineux afin d’obtenir des résultats permettant d’alimenter l’intérêt chez les consommateurs.
Pourquoi exposeraient-ils leurs meilleurs effectifs à des blessures ? John Tavares est un exemple typique, alors qu’il avait subi une grave blessure lors des Jeux et n’avait pu disputer un seul match avec les Islanders lors du sprint final de fin de saison.
LA MÉMOIRE LONGUE
Par contre, les joueurs auront la mémoire longue quand viendra le temps de renégocier la présente convention de travail. Ils se préparent déjà à la confrontation. Reste à savoir si un joueur comme Alexander Ovechkin provoquera Bettman et les propriétaires lors des prochains mois.
Osera-t-il ? S’il y a un athlète qui peut le faire, c’est bien Ovechkin, d’autant plus qu’il a obtenu la bénédiction de son propriétaire, Ted Leonsis.
Le propriétaire des Capitals sera-t-il aussi généreux envers Ovechkin, en février 2018, quand son équipe sera impliquée dans une lutte sans merci pour une qualification au tournoi printanier ? Les Capitals se priveront-ils de leur capitaine pour une dizaine de matchs ? Quel message enverrait-on aux consommateurs qui paient le gros prix ?
Également, quelle sera la réaction des coéquipiers d’Ovechkin? On l’appuiera dans ses, mais à l’intérieur du vestiaire, aura-t-on la même opinion d’un joueur qui les laisse en blanc pendant une période déterminante de la saison ?
Il sera intéressant de connaître quelle sanction prendront les penseurs de la LNH et les propriétaires contre un joueur qui ne respectera pas son entente.
Un dossier qui fera jaser dès les premiers élans de la prochaine saison.