Dorval surveille les tests nucléaires de la Corée du Nord
Des spécialistes analysent aussi les émanations causées par les éruptions volcaniques et les feux de forêt
Les essais nucléaires souterrains de la Corée du Nord sont hautement surveillés par une équipe de scientifiques basée à Dorval qui travaille jour et nuit afin de détecter la moindre particule radioactive, même à des milliers de kilomètres.
Ces essais suscitent l’inquiétude dans l’équipe d’Yves Pelletier, chef de la Section de réponse aux urgences environnementales d’Environnement Canada. Depuis une vingtaine d’années, les scientifiques du Centre météorologique canadien (CMC) détectent et suivent toute matière dangereuse dans l’atmosphère – cendres volcaniques, incendies de forêt ou panaches de fumées toxiques – un peu partout dans le monde.
Mais le Canada est aussi l’un des huit centres météorologiques spécialisés en urgences nucléaires de l’Organisation météorologique mondiale.
À LA GRANDEUR DE LA PLANÈTE
Dans les faits, le CMC de Dorval surveille toute explosion nucléaire dans le monde à partir d’un réseau de stations réparties partout sur la planète (voir autre texte). La bête noire traquée par les météorologues et les capteurs: des radionucléides, des particules de poussière avec une signature radioactive qui ne ment pas. Ces radionucléides permettent d’identifier des explosions nucléaires, mais aussi de connaître leur source d’émission.
«Pour détecter une explosion nucléaire, explique Yves Pelletier, chef de la Section, le réseau de surveillance utilise quatre approches. Des séismographes, des microphones sous-marins, un monitoring des infrasons et des radionucléides détectés dans l’air. Même si l’explosion est souterraine, il peut y avoir des émanations dans l’atmosphère.»
RECULER DANS LE TEMPS
Pour déterminer la provenance des particules, l’équipe du CMC procède à de la modélisation inverse. On fait fonctionner les modèles météo en reculant dans le temps. Ce qui permet de suivre l’écoulement des vents dans les heures et les jours précédents. On arrive ainsi à déterminer précisément la source locale.
En quelques minutes, toute explosion peut être détectée et localisée. Quelques heures après, les paramètres sont déjà analysés.
Un programme informatique très puissant fait ensuite les calculs et confirme que l’explosion est d’origine humaine, sa puissance, sa force, etc. Toutes les données sont finalement transmises au siège de l’Organisation, à Vienne.
L’équipe des mesures d’urgence du CMC fait partie d’un large regroupement de laboratoires, de centres de données et d’organisations gouvernementales consacrés à la sécurité publique.
– Avec la collaboration de Vincent Larin