Le Journal de Montreal

Cet artiste se met le doigt dans l’oeil

- sophie.durocher @quebecorme­dia.com GLORIFIER LES CHAÎNES

SOPHIE DUROCHER

Avant, les intellectu­els, les artistes dénonçaien­t la religion qui opprimait la femme. Maintenant, des artistes célèbrent la religion qui opprime la femme! L’artiste australien Fabian Muir a fait une série de photos magnifique­s mettant en valeur les mille et une beautés... d’une burqa bleue.

Cette série de photos, intitulée Urban Burqa, est « une critique de la montée de l’extrême droite et de l’islamophob­ie ». Non mais, quelle idiotie !

Si vous êtes contre la burqa, c’est que vous êtes islamophob­e ? Si vous dénoncez cette prison de tissu qui enlève aux femmes toute identité, c’est que vous êtes un fasciste ? Mais par quel raccourci intellectu­el en vienton à être complaisan­t envers ceux qui emprisonne­nt les femmes et intransige­ant envers ceux qui défendent leur liberté ?

Dans cette série de photos, on voit une burqa bleue devant un signe de McDonald’s, devant le rayon des pintes de lait à l’épicerie, devant un mur rempli de graffitis, comme si c’était aussi banal de voir une burqa que de voir un veston cravate ou une paire de shorts.

En France, le site internet Konbini a publié la semaine dernière un texte élogieux sur le travail de Fabian Muir. La réponse sarcastiqu­e n’a pas tardé sur Twitter. « On attend les photos pour Rural Lapidation, Safe Excision et Flying Gay from Rooftop », a lancé un internaute.

Fabian Muir veut dénoncer l’intoléranc­e... mais il a choisi comme image le symbole même de l’intoléranc­e anti-femme.

Dans une autre vie, peut-être que Muir aurait photograph­ié avec admiration les chaînes des esclaves, croyant dénoncer le racisme, ne se rendant pas compte qu’il faisait l’éloge même de la prison de ses contempora­ins.

Fabian Muir fustige le populisme des politicien­s qui s’inquiètent des hauts taux d’immigratio­n. « Ils offrent une solution facile à des problèmes complexes », dit-il.

C’est drôle, moi, je trouve que c’est Fabian Muir qui fait du populisme. « Je vais montrer une femme en burqa et ainsi je vais changer les mentalités des gens. » Heu, ça, c’est précisémen­t une solution simple à un problème complexe.

Et pourquoi vous attaquer à la mentalité de ceux qui sont contre la burqa au lieu de vous en prendre à la mentalité de ceux qui sont pour la burqa ?

La dernière image de la série montre une femme en burqa bleue à côté d’un jeune sur une planche à roulettes. « Pour moi, c’est une belle image de fin, optimiste, il y a une ouverture à l’autre. Mais on sent qu’il y a beaucoup de barrières qui doivent être dépassées », a déclaré l’artiste.

Muir ne fait pas allusion aux barrières que se met la femme en burqa, mais aux barrières de la société australien­ne. Qu’une femme se revête d’un drap qui la coupe de tout contact visuel avec un autre humain, ça, pour Muir, ce n’est pas une forme de fermeture.

BRÛLER SES CHAÎNES

Pas plus tard que samedi, en Syrie, des femmes de Raqqa ont brûlé leurs burqas après que leur ville eut été libérée des troupes de l’État islamique, qui les forçaient à porter ce « bout de tissu ».

Des femmes syriennes brûlent la burqa et un artiste bien-pensant, lui, ne pense qu’à la glorifier. C’est le monde à l’envers.

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