Le médecin fugitif croyait avoir tué quelqu’un avec ses prescriptions
Il s’est enfui des États-Unis il y a deux semaines avant d’être arrêté à Montréal
Le médecin américain qui a fui au Canada après avoir appris que la Drug Enforcement Administration (DEA) était à ses trousses pour distribution de narcotiques croyait qu’il avait tué quelqu’un avec ses prescriptions.
Le Dr Ramil Mansourov savait qu’un mandat d’arrestation avait été lancé contre lui par les autorités américaines, mais il n’en connaissait pas tous les détails.
Le médecin de 47 ans aurait indiqué aux autorités canadiennes qu’il se croyait recherché parce qu’un de ses patients était mort, soit d’une surdose ou d’une allergie, à cause d’une de ses prescriptions, d’après ce qui a été mentionné lors d’une audience de la Commission de l’immigration et du statut de réfugié (CISR), hier.
« MAGASIN DE BONBONS »
Le 12 juillet dernier, il avait pourtant appris de la bouche d’un agent fédéral de la DEA qu’il était recherché pour complot en vue de distribution de narcotiques, fraude du système de santé et complot pour blanchiment d’argent.
Son complice allégué, le Dr Bharat Patel, 70 ans, a été arrêté relativement aux mêmes chefs d’accusation.
Les deux collègues de Norwalk, au Connecticut, tenaient une clinique appelée « Le magasin de bonbons » par les toxicomanes, qui s’y approvisionnaient moyennant des frais de 100 $. Les médecins auraient aussi facturé à l’État de nombreuses visites médicales qui n’ont jamais été effectuées, pour un total de 4 millions $ US.
« Ces deux docteurs ont violé leur serment et ont imprudemment prescrit des antidouleurs occasionnant une forte dépendance », a écrit le procureur du Connecticut, dans un communiqué.
Plutôt que de se livrer aux autorités, Ramil Mansourov a préféré passer la frontière canadienne, le 12 juillet.
Ce jour-là, le médecin de 47 ans devait commencer un nouvel emploi dans un hôpital du Maine. Il a toutefois informé son supérieur qu’il y avait eu un « accident horrible » et qu’il ne pourrait pas y être en raison d’une urgence familiale.
Or, la DEA a vite su qu’il se trouvait au Canada en interceptant ses textos. « Ces messages textes laissaient entendre qu’il essayait d’avoir un pas d’avance sur les [policiers] fédéraux et qu’il allait s’envoler pour Paris le soir même », a expliqué Valéry Naamo, de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC).
Mansourov a été intercepté peu de temps après par des agents de l’ASFC dans le stationnement de l’hôtel Marriott de Montréal, situé à proximité de l’aéroport.
« Ils l’ont interpellé par son nom, il s’est retourné, puis il a commencé à marcher dans l’autre direction, où un autre agent l’attendait », a détaillé Mme Naamo.
DÉTENU
Interrogé en détention, le médecin a mentionné qu’il souhaitait retourner aux États-Unis le plus tôt possible.
Considéré comme un fugitif, Ramil Mansourov demeurera détenu pour 30 jours. En raison des charges qui pèsent contre lui, il pourrait être expulsé avant ce délai.
Notons que le médecin n’était pas présent au tribunal hier, puisqu’il s’est blessé lors d’une partie de soccer à la prison où il est incarcéré, et a dû être amené à l’hôpital.