Des cigarettes contre des faveurs sexuelles
Un préposé aux bénéficiaires ira en prison pour avoir agressé une patiente atteinte de problèmes mentaux
PLESSISVILLE | Un préposé aux bénéficiaires a été condamné hier à huit mois de prison pour avoir agressé sexuellement une patiente atteinte de problèmes de santé mentale. Il lui demandait de le masturber en échange de cigarettes.
« Il était préposé aux bénéficiaires et s’en est pris à une patiente d’une résidence pour personnes vivant avec des troubles de santé mentale », a déploré la procureure de la Couronne Cynthia Cardinal. Elle a précisé que la victime avait dû être internée en psychiatrie pendant deux semaines à la suite des événements.
Le manège de Julien Boutin a commencé par un massage. Il a ensuite demandé à sa victime, dont l’identité fait l’objet d’un interdit de publication, de lui donner un baiser, ce qu’elle a refusé. Il s’est ensuite rendu dans sa chambre afin de visionner un film porno et de se masturber en sa présence.
SOUS-SOL
À au moins quatre reprises, il a convié la dame, alors âgée de 42 ans, à le rejoindre au sous-sol de l’établissement, dans une section réservée au personnel, où il lui donnait des cigarettes et lui demandait de le masturber en retour. Lors d’un de ces quatre épisodes, elle lui a aussi fait une fellation.
« La victime avait compris que c’est de cette façon qu’elle devait payer pour obtenir ses cigarettes. Évidemment, l’accusé lui a demandé de ne pas parler de ça », a expliqué Me Cardinal dans son récit des faits.
En septembre 2015, Boutin s’est rendu dans la chambre de la victime alors qu’elle dormait et s’est mis à se masturber. Pendant qu’il s’exécutait, la quadragénaire s’est réveillée et a appuyé sur le bouton d’alerte. Un autre employé de l’établissement est intervenu et a signalé les agissements de son collègue aux policiers.
Il a été accusé d’incitation à des contacts sexuels sur une personne en état de dépendance, un chef d’accusation auquel il a plaidé coupable récemment.
ABSTINENCE
Sans excuser les gestes, les sexologues ayant participé à la rédaction du rapport présentenciel de Julien Boutin ont conclu que ses agissements sont attribuables à un déséquilibre psychologique causé par un manque d’activité sexuelle. Selon le rapport, ses problèmes conjugaux l’ont contraint à l’abstinence de 2010 jusqu’à sa séparation, en 2016.
Les psychologues en sont venus à la conclusion que l’accusé présente un risque de récidive très faible. « Je regrette », s’estil contenté de dire au tribunal hier.
Les faits reprochés sont survenus tard le soir, au moment où l’accusé faisait sa ronde afin de vérifier que les usagers étaient bien dans leur chambre.
Ils ont été perpétrés à la résidence intermédiaire Domaine Morand de Plessisville, dans le Centre-du-Québec, de juin à septembre 2015.
Boutin a été congédié immédiatement lors du dépôt des accusations. La direction du Domaine Morand a préféré ne pas commenter le dossier.
En plus de la peine d’incarcération, le juge Bruno Langelier a contraint Boutin à un an de probation. Son nom sera inscrit au registre des délinquants sexuels pour les 10 prochaines années.
« LA VICTIME AVAIT COMPRIS QUE C’EST DE CETTE FAÇON QU’ELLE DEVAIT PAYER POUR OBTENIR SES CIGARETTES » – Cynthia Cardinal, procureure de la Couronne