Les jeunes fugueuses sont toujours en danger
Le nombre record d’arrestations de présumés proxénètes n’empêche pas les policiers et parents de s’inquiéter pour la sécurité des nombreux fugueurs pris entre les griffes d’un pimp.
La facilité pour un criminel de faire de l’argent en vendant le corps d’un ou d’une adolescent(e) est très attrayante et surtout moins risquée que de vendre de la drogue, explique le commandant de la police de Montréal Michel Bourque.
« C’est plus dangereux de se promener avec un kilo de cocaïne que de se promener avec deux filles contrôlées, vulnérables et désensibilisées. C’est ça, la problématique dans le commerce du sexe », déplore-t-il.
Le phénomène est d’autant plus inquiétant que le Québec est le théâtre depuis le début de l’année d’une vague sans précédent de fugues, selon les données compilées par le Réseau Enfants-Retour.
Selon l’organisme, au moins 30 % des jeunes qui se retrouvent dans la rue sont victimes d’exploitation sexuelle.
VENDUES AILLEURS
Le commandant Bourque et son équipe d’enquêteurs s’inquiètent de la forte tendance des proxénètes à vendre les fugueuses (ou les fugueurs même si moins dénoncés) à l’intérieur du Québec ou dans une autre province canadienne. Calgary, Toronto et Hamilton seraient les villes les plus ciblées.
Pour Christine Garand, la mère de Gabrielle Dubuc portée disparue depuis une cinquantaine de jours, le nombre record d’arrestations l’enchante. Ce qui ne l’empêche pas de penser qu’il manque toujours de ressources policières.
Lors d’une des fugues de sa fille, elle avait reçu une information et savait où elle se trouvait. Elle s’est rendue sur place, puis a composé le 911.
« La préposée au 911 m’a répondu que tous les policiers étaient pris dans la circulation, qu’aucun ne pouvait se rendre à l’appartement du gars en question. Ils sont arrivés 2 h 30 plus tard et ont embarqué ma fille dans la voiture de police », a-t-elle tristement raconté.
MANIPULATION
Le charme et la manipulation de ces pimps aveuglent carrément leurs victimes.
« Un jour, Gabrielle m’a dit : ‘‘Lui, ce n’est pas pareil, il devait payer des choses pour son garçon. Il ne m’a pas forcée, il m’aimait pour vrai’’ », a raconté à voix basse Mme Dubuc.
Selon la mère, l’adolescente a eu plusieurs suivis sur l’estime de soi et comment bien reconnaître un proxénète. Bien qu’elle fasse difficilement confiance aux adultes, à chaque fugue elle retourne facilement avec les gars des gangs de rue.