Le Rolling Stone ne fait pas l’unanimité
Les réseaux sociaux se sont déchaînés hier alors que Trudeau fait la une du réputé magazine américain
OTTAWA | Le portrait de Justin Trudeau en une du réputé magazine américain Rolling
Stone a beau être une « consécration » selon certains, le ton complaisant et les inexactitudes ont soulevé l’ire sur les réseaux sociaux hier.
« Pourquoi n’est-il pas notre président ? » s’interroge la revue sur sa première page dédiée au premier ministre canadien et dévoilée hier. Un honneur plus souvent réservé aux rocks stars qu’aux politiciens.
Quant à lui, l’article décrit Trudeau comme « l’espoir du monde libre », ainsi que « l’étoile du Nord ».
Pour le stratège en communications Louis Aucoin, Justin Trudeau vient de réaliser un grand coup marketing.
« Faire la une du Rolling Stone, c’est être consacré une icône de la culture populaire. N’importe quelle personnalité en rêve. Pour un Canadien, encore plus pour un politicien canadien, c’est un exploit », s’exclame-t-il.
RÉSEAUX SOCIAUX
N’empêche que les réseaux sociaux se sont déchaînés. L’article a été le sujet le plus discuté au Canada et aux États-Unis une bonne partie de la journée hier.
Plusieurs l’ont tourné au ridicule, trouvant le ton trop mielleux et le contenu trop centré sur l’image de Trudeau.
C’est sans compter les nombreuses erreurs du texte qui ont dû être corrigées en ligne. Par exemple, le célèbre magazine écrivait dans la première version du texte que le premier ministre était à la tête du parti de la liberté plutôt que du parti libéral. Il référait également à la police montée en tant que police des montagnes.
Le professeur de communication marketing à l’Université Laval, Christian Désilets, déplore lui aussi que « c’est plus de la gestion d’image et non un échange de contenu. On est souvent dans le superficiel avec Trudeau. »
Il ajoute que le danger, c’est la surexposition. Il faut dire que c’est loin d’être la première fois que Trudeau fait la une de magazines. De plus, Vanity Fair et Vogue lui avaient consacré de longs portraits.
Contacté par Le Journal, le journaliste Stephen Rodrick dit avoir voulu écrire cet article pour présenter le premier ministre aux Américains. « Je peux comprendre les Canadiens qui sont exaspérés de l’image romancée de Trudeau, mais les Américains commencent seulement à le connaître et je peux vous dire qu’ils l’apprécient beaucoup. »
RÉACTIONS
L’article a aussi soulevé des réactions dans la classe politique. Le Parti conservateur a dit craindre son impact négatif sur les relations avec l’administration américaine, notamment dans les négociations sur l’ALÉNA. C’est que l’article compare à plusieurs reprises Trudeau et Trump.
Le bureau du premier ministre a quant à lui souligné que l’entrevue avait été réalisée dans le même cadre que la centaine d’autres accordées cette année.