Toujours pas indemnisé 3 ans après un écrasement d’avion
Un homme a perdu cinq membres de sa famille dans un crash d’Air Algérie en 2014
Un homme qui a perdu cinq membres de sa famille dans le crash d’avion d’Air Algérie en 2014 se dit épuisé par le combat judiciaire qu’il mène depuis trois ans pour faire reconnaître sa perte et son préjudice moral.
« La vie a toujours été agréable pour notre famille… Depuis, on fait un certain nombre de choses, on essaie de sourire, mais il y a toujours quelque chose qui manque », lance Magloire Somda, en larmes.
Ses frères Wilfred et Winmalo, la conjointe de ce dernier, Angélique Nantouowor Kpada, et leurs deux enfants Nathanael et Arielle, qui habitaient Longueuil, ont péri il y a trois ans presque jour pour jour, alors qu’ils revenaient du 50e anniversaire de mariage des parents des frères Somda, au Burkina Faso.
Peu après le décollage du vol AH5017 le 24 juillet 2014, à Ouagadougou, l’appareil s’est abîmé au nord du Mali. Les 116 personnes à bord sont mortes, dont 11 Québécois. L’enquête sur l’écrasement a pointé du doigt des lacunes dans la formation des pilotes.
LA VALEUR D’UNE VIE
Comme plusieurs autres familles de victimes, Magloire Somda et ses proches ont intenté un recours contre Air Algérie. Si d’autres ont depuis obtenu un dédommagement ou sont en voie de l’obtenir, M. Somda a pour sa part décliné l’offre qu’on lui a présentée, la jugeant insuffisante.
« Quand on me parle de la valeur de ma famille, j’ai l’impression que c’est comme si on parlait de la perte de bagages et non de pertes de vies », s’insurge l’homme qui réside en Ontario.
Il déplore que sa famille et lui ne bénéficient pas d’une compensation aussi élevée que les endeuillés qui ont perdu un mari ou un parent.
« Tous les membres d’une même famille ont disparu. Comme si leurs vies n’étaient pas aussi importantes pour leurs frères et soeurs que pour leurs descendants », se désole-t-il.
« NOTION DE FAMILLE »
Me Gérard Samet, qui représente les familles de victimes québécoises dans ce drame, lui a pour sa part recommandé d’accepter l’indemnisation offerte, qu’il juge « élevée ».
« Il faut comprendre que le préjudice moral est faiblement indemnisé au Canada. Ce qui est beaucoup mieux indemnisé, c’est le préjudice économique », a expliqué l’avocat.
Selon ce dernier, on fait face à un débat sur la « notion de famille », qui est « bien différente au Burkina Faso qu’au Canada ».
Magloire Somda tient malgré tout à se battre jusqu’au bout. Il a créé une page sur le site de sociofinancement afin d’amasser de l’argent pour l’aider, avec notamment les frais juridiques et les frais de déplacement pour se rendre devant les tribunaux.
« QUAND ON ME PARLE DE LA VALEUR DE MA FAMILLE, J’AI L’IMPRESSION QUE C’EST COMME SI ON PARLAIT DE LA PERTE DE BAGAGES ET NON DE PERTES DE VIES. » – Magloire Somda, qui a perdu cinq membres de sa famille