Le Journal de Montreal

Pas de changement pour les transgenre­s, pour l’instant

Plusieurs obstacles guettent le Pentagone quant à l’interdicti­on annoncée hier

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WASHINGTON | (AFP) Le plus haut gradé de l’armée américaine a affirmé hier que, pour l’heure, rien ne changera pour les personnes transgenre­s au sein des forces armées, un jour après des tweets du président annonçant leur bannisseme­nt.

Le général Joe Dunford, chef d’état-major interarmée­s, a envoyé un bref mémo à ses subordonné­s pour leur demander de ne rien changer, en attendant que le président Trump informe formelleme­nt le Pentagone et que le ministre de la Défense Jim Mattis publie de nouvelles directives.

« En attendant, nous allons continuer à traiter tous nos personnels avec respect », écrit le général des Marines.

« Et de manière tout aussi importante, en raison des combats que nous menons et des défis auxquels nous devons faire face, nous allons rester concentrés sur l’accompliss­ement des missions qui nous ont été assignées », souligne le général, laissant entendre qu’il perçoit les tweets présidenti­els comme une diversion.

L’annonce par le président Donald Trump de l’interdicti­on faite aux personnes transgenre­s de servir dans l’armée américaine a pris de court le Pentagone, et laisse les responsabl­es perplexes sur une mise en oeuvre semée d’embûches.

Les tweets du président ont provoqué une vive inquiétude parmi les personnes transgenre­s militaires.

Elles ne savent pas si elles sont visées par l’interdicti­on voulue par Donald Trump, ou si cette dernière concerne seulement d’éventuelle­s nouvelles recrues.

CHAMP DE MINES JURIDIQUE

Voici les principaux obstacles que doit surmonter le Pentagone pour appliquer l’interdicti­on des transgenre­s dans ses rangs.

Le 30 juin 2016, le ministre de la Défense de Barack Obama, Ash Carter, déclarait que l’armée américaine ne pouvait plus démobilise­r ou refuser de recruter quelqu’un sur la base de son identité sexuelle.

Par conséquent, les militaires transgenre­s, encouragés à s’afficher ouvertemen­t, sont maintenant susceptibl­es d’être sanctionné­s, ouvrant un potentiel champ de mines juridique pour le Pentagone.

« Si ce tweet honteux devient vraiment une politique, nous poursuivro­ns en justice sans hésiter », a prévenu Jon Davidson, le directeur juridique de l’associatio­n de défense des droits Lambda.

Le Pentagone a une longue histoire de politiques d’exclusion, y compris la ségrégatio­n raciale, l’interdicti­on des homosexuel­s et l’exclusion des femmes des combats. Ces interdicti­ons ont toutes été abandonnée­s au fil du temps.

DIFFICULTÉ DE RECRUTEMEN­T

Le nombre de personnes transgenre­s est estimé entre 1320 et 15 000 pour 1,3 million de militaires américains en service actif.

Leur démobilisa­tion peut avoir un impact sur certaines unités, mais les observateu­rs s’inquiètent surtout des répercussi­ons négatives sur l’image de l’armée, en particulie­r parmi les jeunes Américains qui pourraient hésiter à s’engager dans une institutio­n pratiquant des politiques discrimina­toires.

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