Maduro propose un dialogue à l’opposition avant l’élection
Hier, deux personnes ont péri dans les manifs, portant le nombre de morts à 108
CARACAS | (AFP) Le président vénézuélien Nicolas Maduro a proposé hier un dialogue à ses adversaires avant l’élection contestée de dimanche de l’Assemblée constituante, contre laquelle l’opposition a appelé à une grève générale et à manifester malgré l’interdiction du gouvernement, une situation explosive qui a fait deux nouveaux morts.
« Je propose à l’opposition politique vénézuélienne qu’elle abandonne le chemin de l’insurrection (...) et que nous instaurions dans les prochaines heures, avant l’élection et l’installation de l’Assemblée constituante, un cadre pour dialoguer », a déclaré le chef de l’État socialiste, tout en affirmant que son projet de modifier la Constitution irait jusqu’au bout.
« L’opposition a intérêt à accepter cette proposition », a prévenu le président socialiste devant des milliers de sympathisants réunis dans le centre de Caracas.
Face aux appels répétés du chef de l’État à négocier, les antichavistes (du nom d’Hugo Chavez, président de 1999 à son décès en 2013, dont Nicolas Maduro est l’héritier) exigent avant tout des élections générales. Ils n’ont pas encore répondu à cette nouvelle offre, alors que fin 2016 un dialogue sous l’égide du Vatican entre pouvoir et opposition avait échoué.
« LES RUES AU PEUPLE »
Au deuxième jour de la grève générale contre le scrutin de dimanche, un homme de 49 ans et un mineur de 16 ans sont morts dans des manifestations, ont annoncé hier les autorités. Ces décès, les quatrième et cinquième de cette grève générale de 48 heures, portent à 108 le nombre de morts depuis le début des manifestations en avril.
Dans une ville en partie paralysée, de nouveaux incidents ont opposé manifestants et forces de l’ordre à Caracas : les gaz lacrymogènes, balles en caoutchouc et arrestations ont répondu aux cocktails Molotov et projectiles.
Défiant l’interdiction du gouvernement de manifester, l’opposition a appelé hier à défiler aujourd’hui dans tout le pays contre le projet de Constituante.
« Les rues du Venezuela appartiennent au peuple, pas à la dictature », a rétorqué sur Twitter la coalition de l’opposition, la Table de l’unité démocratique (MUD).
Les contrevenants risquent de cinq à dix ans de prison, a prévenu le ministre de l’Intérieur, le général Nestor Reverol.
RÉÉCRIRE LA CONSTITUTION
Les antichavistes tentent à tout prix d’empêcher la désignation dimanche des 545 membres d’une Assemblée constituante voulue par le président, accusé par l’opposition de vouloir réécrire la Constitution à son profit.
L’appel à la grève a été suivi à 92 % dans le pays au cours des premières 24 heures, s’est félicité la coalition de l’opposition, la Table de l’unité démocratique (MUD), à l’origine du mouvement. Côté gouvernement, on assure que la grève est un échec.
M. Maduro fait face depuis plus de quatre mois à des manifestations quasi quotidiennes pour réclamer son départ, mais le chef de l’État, dont le mandat s’achève en janvier 2019, a réaffirmé sa détermination de mener à bien son projet.