Le Journal de Montreal

Le marché tourne au ralenti dans la région de Québec

La MRC de Portneuf enregistre la plus forte baisse dans la province

- PIERRE-PAUL BIRON

QUÉBEC | Un résident de Portneuf n’en peut plus de voir l’affiche « à vendre » devant la maison qu’il tente de liquider depuis un an et qui appartenai­t à son fils, décédé. Il n’est pas le seul, alors que le marché immobilier traverse un important creux dans la grande région de Québec.

Même si le taux de chômage est bas dans la région de Québec, le marché immobilier tourne au ralenti. L’explosion des condos et des logements locatifs explique en partie ce phénomène (voir autre texte).

Déjà par le décès tragique de son fils François en mars 2016, voilà que PaulÉmile Martel se retrouve responsabl­e de la vente de sa résidence de Donnacona. Un défi qui n’est pas une mince tâche dans le contexte actuel.

« Je n’ai jamais vu ça, un marché comme celui-là. Il ne se passe rien », soupire l’homme de 66 ans, qui a bien hâte de se débarrasse­r de ce boulet. « Ce n’est pas comme ça qu’on va faire notre deuil. »

« LE MORAL À TERRE »

Une analyse de la firme JLR Solutions Foncières indique que c’est dans la MRC de Portneuf qu’on a enregistré la plus forte baisse du marché immobilier au Québec dans la dernière année. Un recul de 8 % qui fait craindre le pire à PaulÉmile Martel.

« J’ai le moral à terre. J’ai hâte que ce soit vendu, parce que là on n’est pas capables de passer à autre chose », explique l’homme, étouffant un sanglot en regardant la maison de son fils qu’il revient entretenir chaque semaine.

« Même si ce n’est pas arrivé ici [son décès], ça reste toujours aussi dur. […] Je n’ai plus aucun intérêt, aucune motivation », fait valoir l’homme atterré, qui doit aussi assumer les coûts liés à la maison. « Ça nous coûte une fortune à assurer, à chauffer et tout. Ce n’est pas la retraite que j’imaginais. »

Toujours dans Portneuf, l’entreprene­ur Richard Brière a de son côté terminé la constructi­on d’une jolie maison au début de 2016 et celle-ci n’a toujours pas trouvé preneur plus d’un an après sa mise en vente.

« Nous sommes deux partenaire­s dans ce projet où on a construit deux jumelés et la maison. Si ça continue comme ça, on ne fera pas d’argent au bout du compte, même qu’on va engloutir à peu près 10 000 $ chacun là-dedans », se désole M. Brière.

DEUX MAIGRES VISITES

Son courtier n’a eu que deux maigres visites pour la résidence, qui est pourtant bien située à Pont-Rouge. Sur plus d’un an, ce n’est rien pour encourager les vendeurs.

« On inscrit les maisons avec un prix stable, mais l’acheteur a tellement le gros bout du bâton qu’on finit largement à la baisse. Même après avoir baissé celle-ci de 10 000 $, ça ne bouge pas plus », affirme le courtier de Remax Ghislain Brousseau, qui qualifie le marché de « complèteme­nt au ralenti ».

 ?? PHOTOS JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ET PIERRE-PAUL BIRON ?? Paul-Émile Martel trouve pénible la vente de la maison de son fils décédé en mars 2016. En raison du marché amorphe, l’homme de 66 ans doit revenir chaque semaine entretenir cette résidence, devenue un boulet l’empêchant de faire son deuil. En...
PHOTOS JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ET PIERRE-PAUL BIRON Paul-Émile Martel trouve pénible la vente de la maison de son fils décédé en mars 2016. En raison du marché amorphe, l’homme de 66 ans doit revenir chaque semaine entretenir cette résidence, devenue un boulet l’empêchant de faire son deuil. En...

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