Le Journal de Montreal

Le Maine veut bloquer Ciment McInnis pour des contrats

L’État américain souhaite protéger sa compagnie locale, Dragon Products

- PATRICK BELLEROSE

Le Maine veut empêcher la toute nouvelle cimenterie McInnis, à Port-Daniel en Gaspésie, de soumission­ner ses contrats publics.

La Chambre des représenta­nts a adopté, fin juin, un projet de loi intitulé Maine Buy America and Build Maine Act qui inclut, notamment, l’obligation de favoriser le ciment produit aux États-Unis pour les travaux sur des édifices publics et autres projets financés par l’État. Le projet de loi est maintenant devant le comité des crédits.

L’État américain, qui partage une longue frontière avec le Québec, en a contre l’appui financier de 615 millions $ (en prêts et investisse­ments directs) de l’État québécois dans ce projet qui a totalisé 1,5 milliard $, après des dépassemen­ts de coûts.

S’il est adopté, le projet de loi permettra à une entreprise américaine de soumission­ner à nouveau si une entreprise étrangère soumet un prix inférieur au sien lors d’un appel d’offres.

PROTECTION­NISME

L’État de Nouvelle-Angleterre souhaite ainsi protéger sa compagnie de ciment locale, Dragon Products, qui emploie une centaine de travailleu­rs à Thomaston.

Interpellé sur le sujet, Ciment McInnis a refusé de commenter. « Cette législatio­n n’étant pas en vigueur à ce jour, McInnis évitera pour l’instant de commenter un scénario hypothétiq­ue », écrit sa porte-parole, Maryse Tremblay, dans une réponse acheminée par courriel.

Toutefois, elle a tenu à souligner que « notre montage financier ne comporte aucune subvention et respecte toutes les ententes commercial­es internatio­nales […] ».

Par ailleurs des membres de l’industrie québécoise du ciment s’étonnent de voir Ciment McInnis démarcher des clients au Québec, alors que la classe politique a toujours assuré que la production serait dédiée principale­ment au marché américain.

La porte-parole de Ciment McInnis, Maryse Tremblay, nie maintenant que la production de Port-Daniel soit destinée au sud de la frontière. « C’est un fait qui ne s’est jamais avéré et qui nous suit depuis des années dans notre dossier, dit-elle. Il y a eu une mention de 90 % du ciment qui serait destiné à l’exportatio­n. Ça n’a jamais été vrai. Ça a toujours été faux. »

50-50 CANADA ET ÉTATS-UNIS

« Nos marchés sont à peu près 50-50 : Canada, US. Ça a toujours été comme ça », ajoute Maryse Tremblay, tout en refusant de spécifier la part du Québec dans ce calcul.

Pourtant, au moment d’annoncer le projet, l’ex-première ministre Pauline Marois insistait sur le fait que le ciment produit en Gaspésie était destiné à l’exportatio­n et éviterait ainsi de nuire aux cimentiers québécois.

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PHOTO PIERRE-PAUL BIRON Le Maine, qui partage une frontière avec le Québec, en a contre l’appui financier de l’État québécois dans la cimenterie McInnis (photo).

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