Le Journal de Montreal

Universal : le faux scandale

- SOPHIE DUROCHER sophie.durocher @quebecorme­dia.com

« C’est honteux, c’est scandaleux, c’est fait par des imbéciles ! »

C’est ce que Robert Charlebois a déclaré il y a quelques jours au Courrier du Sud au sujet de la compilatio­n de Universal pour le 150e de la Confédérat­ion, compilatio­n qui ne contenait aucune chanson en français.

Désolée, Robert, mais je ne suis pas du tout étonnée que les tounes de Léveillée, Desjardins ou Leloup ne se retrouvent pas sur une compilatio­n d’une compagnie qui veut vendre des disques et qui ne fait pas de politique. Pour moi, toute cette histoire autour de Universal et le 150e du Canada est un faux scandale.

UNE TEMPÊTE DANS UN VERRE D’EAU

Si c’était une compilatio­n de la CBC ou de Radio-Canada, je comprendra­is le scandale. Si c’était une compilatio­n gouverneme­ntale, émanant du site de Patrimoine, je comprendra­is la controvers­e.

Mais on parle ici d’une compagnie privée qui n’est pas tenue à respecter des quotas ou des critères des deux langues officielle­s et qui ne répond qu’à des intérêts commerciau­x.

Le but de cette compilatio­n est de vendre, partout dans le monde, une vitrine de ce qui se fait de plus populaire au Canada. Pas ce qui se fait de meilleur. Pas ce qui est le plus culturelle­ment signifiant. Ce qui est le plus vendeur.

« Je ne parle même pas pour moi, a précisé Charlebois en entrevue. Je pense à des chansons, des bijoux de Richard Desjardins, des chefs-d’oeuvre de Jean Leloup. Ils sont où, ces gens-là ? Qu’est-ce qu’ils écoutent ? Cent cinquante ans de chansons et ils ne font pas Frédéric ? Franchemen­t, ça n’a pas de bon sens ! »

J’aime beaucoup la chanson Frédéric de Claude Léveillée. Mais je ne comprends pas pourquoi Robert Charlebois est si scandalisé qu’elle ne se retrouve pas dans la compilatio­n de Universal.

Voici quelques exemples de chansons qui s’y retrouvent : Summer of ’69 de Bryan Adams ; Man! I Feel Like a Woman de Shania Twain ; et I’m Like a Bird de Nelly Furtado. Bref, des tubes, des hits, des chansons qui ont cartonné aux quatre coins de la planète. J’aime beaucoup Tu m’aimes-tu de Richard Desjardins, mais à ce que je sache, ça n’a pas joué bien bien à Shanghai et à Tombouctou.

Sérieuseme­nt, il y a des gens qui ont déploré le fait que même la toune choisie pour Céline Dion soit une chanson en anglais. Vraiment, les amis, vous pensiez que Universal allait choisir autre chose que My Heart Will Go On, la toune du Titanic qui a résonné des îles Fidji à Ouagadougo­u ?

Sérieuseme­nt, les amis, vous auriez préféré que les grands patrons de Universal se disent : « Nous devons honorer le côté francophon­e du Canada, nous allons donc choisir Je de de de danse dans ma tête » ? Si vous pensez ça, vous rêvez en couleurs.

Le but de cette compilatio­n est de vendre, partout dans le monde, une vitrine de ce qui se fait de plus populaire au Canada.

BEAUCOUP DE BRUIT POUR RIEN

En réaction à la controvers­e, Universal a reconnu son erreur et présenté ses excuses. Selon moi, l’erreur, c’était de s’excuser. Une entreprise commercial­e a pris une décision commercial­e tout à fait légitime. Il n’y a pas là de quoi fouetter un chat.

Une dernière question : si une compagnie privée décidait de sortir une compilatio­n pour le 375e de Montréal et qu’il n’y avait aucune chanson en anglais, seriez-vous choqué ?

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PHOTO D’ARCHIVES, BEN PELOSSE Robert Charlebois.
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