Le Journal de Montreal

Tatoué bleu, blanc, rouge

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Andrei Markov l’a dit au début de la courte allocution qu’il a prononcée durant la téléconfér­ence qu’il a tenue avec les médias, hier. « Mon but était de remporter la Coupe Stanley et de l’amener à Montréal. » Car Montréal était sa ville d’adoption et occupera toujours une grande place dans son coeur.

C’est ici qu’il s’est apprivoisé à la vie nord-américaine. C’est ici qu’il est devenu citoyen canadien. C’est ici qu’il a passé sa carrière. Il ne s’est jamais vu jouer avec une autre équipe de la Ligue nationale. Il était aussi fier de porter le chandail du Canadien que les grands noms qui ont fait l’histoire de l’équipe.

À trois reprises, il a renoncé au marché des joueurs autonomes, acceptant un salaire annuel identique de 5,75 millions les deux premières fois. Son dernier contrat lui a procuré un salaire de 7 M $ la première année, 6 M $ la deuxième et 4,25 M $ la saison dernière pour une moyenne de 5,75 M $ applicable sur la masse salariale.

DÉBUT D’ADAPTATION DIFFICILE

Il aurait pu trouver preneurs ailleurs. Il y a 10 ans, alors qu’il était au sommet de son art à 28 ans, je lui avais demandé ce qui l’avait incité à ne pas tester au moins sa valeur sur le marché. Une histoire disait que son bon ami Alex Ovechkin tenait à l’avoir à ses côtés à Washington.

En me regardant avec son air sérieux, Markov avait répondu : « Avec tout le temps dont j’ai eu besoin pour m’adapter au hockey de la Ligue nationale et à la vie d’ici, je ne me vois pas recommence­r tout ça ailleurs. »

Il ne blaguait pas. Il ne fait pas de farces avec les choses de la vie.

Markov se plaisait vraiment à Montréal. Il n’était pas friand des journalist­es, mais ses difficulté­s à maîtriser l’anglais devant les caméras le rendaient inconforta­ble. Il était plus à l’aise quand on était seul avec lui.

Il aura joué 16 saisons avec le Canadien. C’est un bail dans le hockey d’aujourd’hui. Avant lui, Patrice Brisebois et Saku Koivu avaient disputé 15 et 13 saisons avec le Tricolore.

Carey Price pourrait atteindre 19 saisons s’il écoule son prochain contrat entièremen­t à Montréal.

Markov ne blâme personne pour son départ. Une bonne preuve est qu’il a contacté le service des communicat­ions du Canadien pour l’organisati­on de la téléconfér­ence qui a eu lieu hier après-midi.

Lorsqu’un journalist­e lui a demandé s’il croyait avoir été traité équitablem­ent et avec respect dans ce qu’auront été ses dernières négociatio­ns contractue­lles avec le Tricolore, il a répondu qu’il respectait la décision de l’équipe.

« Je suis un homme d’âge mûr. Je ne jette le blâme à personne », a-t-il dit.

Il était prêt à accepter un contrat d’un an au lieu de deux ans, mais on ne sait pas quel était l’écart en termes monétaires. Il n’a pas voulu entrer dans ces détails. Comme il l’a dit, c’est le business. Les Coyotes de l’Arizona ont été moins courtois avec Shane Doan. Il y a quelques semaines, par voie de communiqué, le propriétai­re Andrew Borroway faisait savoir, sans avoir rencontré son capitaine, que Doan ne recevrait pas d’offre pour un nouveau contrat et que le temps était venu pour l’organisati­on d’aller de l’avant avec des jeunes.

Borroway s’est excusé quelques jours plus tard en disant qu’il aurait dû sauter dans un avion pour aller rendre visite à Doan avant d’annoncer la nouvelle.

Le CH a mieux fait les choses avec Markov. Geoff Molson l’a remercié pour ses services dans un communiqué. Une vidéo lui rendant hommage est en ligne sur le site web du Canadien.

Quant à Marc Bergevin, on dit qu’il est à l’extérieur du pays. Mais un petit mot de sa part aurait été bien.

Espérons qu’il aura pris le temps d’avoir une bonne conversati­on avec Markov.

DE RETOUR CHEZ LUI

Markov n’a pas caché sa déception tout au long de l’entrevue. Mais il a parlé comme un homme.

« C’est la vie, a-t-il lancé à quelques reprises. « Demain sera une autre journée. » Ce soir, il quittera sa résidence de Floride, avec femme et enfants, pour sa Russie natale, où il poursuivra sa carrière dans la KHL la saison prochaine.

Markov n’a pas identifié l’équipe avec laquelle il jouera parce qu’il n’a pas encore signé son contrat. Ça pourrait être le Dynamo de Moscou, organisati­on avec laquelle il a joué avant sa venue avec le CH et dont son fils aîné fait partie. Il va s’y faire comme le feront les partisans du Canadien.

Mais on risque de s’ennuyer de lui certains soirs l’hiver prochain.

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PHOTO D’ARCHIVES PIERRE-PAUL POULIN Andrei Markov se plaisait vraiment à Montréal.

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