Le Journal de Montreal

Hydro sort la hache à Terrebonne

Un père de famille tente d’empêcher l’abattage d’arbres le long d’une ligne de transport d’électricit­é

- Anne Caroline Desplanque­s ACDesplanq­uesJDM

Pour protéger une ligne de transport électrique, Hydro-Québec s’apprête à abattre une centaine d’arbres matures à Terrebonne au grand désarroi de certains citoyens.

l∫ « C’est la seule chose qui procure de l’ombre sur mon terrain. J’ai deux jeunes enfants, c’est leur terrain de jeu », plaide Pierre Gingras en montrant les trois grands érables qui se déploient dans sa cour arrière.

Début avril, la famille Gingras a reçu un avis de travaux de la part d’Hydro-Québec. « Les arbres sur votre propriété seront abattus [...] entre les mois d’avril et décembre prochains », indiquait le courrier.

SERVITUDE

Les trois érables sont situés le long d’une ligne de transport électrique à moyenne tension, comme une centaine d’autres spécimens du secteur qui subiront le même sort. Le quartier est en plus touché par l’agrile du frêne qui force plusieurs propriétai­res à se défaire de cette espèce.

Chez les Gingras, qui ont justement acheté leur propriété il y a trois ans pour sa grande cour arborée, l’avis d’Hydro-Québec a eu l’effet d’un coup de massue. « Je n’ai pas acheté dans un quartier récent justement parce que je voulais avoir de grands arbres », dit-il.

Dans l’espoir d’arrêter Hydro-Québec, l’homme met un cadenas sur sa clôture quand il part travailler le matin. La mesure n’arrêtera toutefois pas la société d’État, car bien qu’ils soient sur le terrain des Gingras, les arbres sont situés dans une zone où elle détient une servitude, c’est-à-dire un droit immobilier qui lui permet de circuler, d’installer des équipement­s et de couper la végétation.

« La servitude est claire à savoir que nous pou- vons abattre tous les arbres situés dans la servitude », explique Laurence Olichon-Perreault, agente principale, biens et droits immobilier­s, chez Hydro-Québec.

ÉMONDAGE

« Je comprends que c’est leur droit, mais je ne comprends pas qu’ils veuillent tout abattre quand on pourrait simplement contrôler la végétation », répond M. Gingras. Il a offert de payer lui-même un émondeur pour tailler les arbres et empêcher qu’ils entrent en contact avec les câbles.

« D’un côté, les villes subvention­nent les citoyens pour planter des arbres sur leurs propriétés afin d’augmenter la qualité de vie et la santé publique, et de l’autre côté, Hydro-Québec passe et détruit de la végétation mature en milieu urbain. Pour moi, ça n’a aucun sens », déplore M. Gingras.

Mais pour Hydro-Québec, l’émondage n’est pas une solution viable à long terme, car il stimule la pousse, indique Sophie Lamoureux, porte-parole de la société.

Dépité, M. Gingras souligne qu’Hydro-Québec ne lui paie pas un sou pour l’utilisatio­n de son terrain. « On m’envoie les taxes sur toute la surface du terrain, ce n’est pas Hydro qui paie pour la portion où il y a une servitude, c’est moi. »

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Pierre Gingras aimerait sauver les grands et matures érables qui sont sur son terrain, sous la ligne d’Hydro-Québec.
 ??  ?? Hydro-Québec veut abattre des arbres pour protéger une ligne de transport électrique (centre de la photo) à Terrebonne.
Hydro-Québec veut abattre des arbres pour protéger une ligne de transport électrique (centre de la photo) à Terrebonne.
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