Un pas de plus vers la souveraineté ?
J. René Marcel Sauvé intervient fréquemment dans les débats publics et ne rate jamais une occasion de rappeler la dimension géopolitique de notre combat pour la souveraineté. Son dernier ouvrage propose quelques pistes novatrices.
Il rappelle d’abord ce qu’était le monde au moment des grandes manoeuvres de colonisation en Amérique, à laquelle participent cinq pays : le Portugal, l’Espagne, la France, l’Angleterre et la Hollande. L’Allemagne n’existait pas alors comme État, l’Italie était principalement présente en Afrique et la Russie demeurait en dehors de l’aventure coloniale, mais fournissait la Hollande en bois pour la fabrication de ses grands voiliers.
Les enjeux de ces grands mouvements migratoires sont d’abord la recherche de matières premières et de nouveaux marchés et l’établissement de réseaux de communication. Il y avait aussi une évidente mission religieuse, ce que l’auteur ne mentionne cependant pas.
RAPATRIEMENTS
Peu après la « non-bataille des plaines d’Abraham » et le traité de Paris de 1763, « les occupants des forts et des comptoirs de la Nouvelle-France, dispersés dans une centaine d’aménagements tout le long du SaintLaurent, dans les Grands Lacs et le long de la grande plaine traversée par le Mississippi-Missouri, furent sommés de quitter et de revenir dans les basses terres du Saint-Laurent ». Vingt mille soldats, coureurs de bois et commerçants furent ainsi « rapatriés ». Ces effectifs auraient pu créer un revirement de situation, même si l’élite politique et militaire était retournée en France. Les Anglais comprirent rapidement la nouvelle donne et ils s’empressèrent de s’allier au clergé, pour étouffer toute velléité de rébellion. L’Acte de 1774 est venu consacrer cette situation. Les Anglais avaient besoin de l’appui des nouveaux Québécois en prévision de la guerre d’indépendance américaine. C’est ainsi, dit l’auteur, que s’est constituée, petit à petit, la province de Québec, puis son État et sa nation désormais reconnue.
Sauvé nous rappelle comment les Autochtones sont mal équipés pour affronter les rigueurs de l’hiver. Ils n’ont pas de pelle pour déneiger leurs sites, le feu allumé dans la tente ne suffit pas à leur bien-être. Ils n’ont pas les moyens pour défricher la terre et creuser les sillons dans le sol. « Ils n’ont ni vase ni urne pour conserver leurs aliments. » Alors, ils migrent plus au sud, vers des cieux plus cléments lorsqu’arrive l’hiver. « Nous n’avons pas à éprouver le moindre sentiment de culpabilité pour leur avoir « enlevé leur territoire », dit-il.
CLIMAT
Même si les premiers colons bénéficiaient de meilleurs moyens pour s’adapter aux dures conditions climatiques, ils furent nombreux à périr durant les premiers hivers. Le climat et le métissage, affirme l’auteur, ont donné naissance à une nouvelle race de Français, des Québécois endurcis et acclimatés.
Si les Anglais désirent contrôler la colonie du nord (la Nouvelle-France), c’est qu’ils ne peuvent s’emparer des immenses plaines qu’ils convoitent, puisque le golfe du Mexique était contrôlé par les Espagnols. Le débarquement maritime dans le SaintLaurent représentait la moins risquée des solutions.
L’auteur ne propose rien de moins qu’un programme de « défense territoriale civile du Québec » de trois mois pour les jeunes, qui permettrait une meilleure connaissance du territoire et comprendrait la survie en forêt et le maniement des armes à feu, entre autres.
Ce programme serait un pas de plus vers une véritable souveraineté du Québec.